Comment concrètement se retirer dans notre espace intérieur?
Embarquez le voyage intérieur avec Ardha Navasana 🚣
Bien chère yogini, bien cher yogi,
Le cours détente récupération du samedi matin est intemporel. A l’inverse des autres cours, il n’y a pas de notion d’apprentissage progressif. Bien sûr, on y retrouve les principes d’alignement mais il n’y a pas de recherche de progrès sur le plan postural. Non, il fait avant tout appel au ressenti. Son grand paradoxe est qu’il peut aisément être suivi par des débutants. En ce sens il est en trompe l’œil! En réalité, il est riche en subtilités yogiques. C’est ainsi que samedi dernier, je me suis lancé le défi un peu fou de faire ressentir Pratyahara, le retrait des sens.
Parfois, le cours du samedi matin vient clôturer la semaine, parfois il amorce un nouveau concept, une ambiance, une nouvelle approche. Parfois, rien de tout cela. Dans ce cas, le cours est unique, en suspension, sans point d’ancrage ni avant, ni après.
Pratyahara
Pratyahara est la 5ème branche ou pilier du yoga. J’espère ne pas vous offenser en vous les répétant ici mais c’est tellement important que je ne peux résister, au cas ou pour vous, ce ne serait pas encore définitivement acquis.
D’ailleurs, faisons ensemble un petit test: essayez maintenant d’énumérer dans l’ordre ces 8 pétales du yoga. Si vous avez des doutes ou des trous, alors je fais bien de répéter 😏
Je m’étonne à chaque fois de devoir aller jusqu’au sutra II- 29 des yoga sutras de Patanjali pour trouver la liste des 8 membres du yoga. Comme quoi les notions fondamentales se font attendre.
En premier, les Yama et les Niyama, les règles de vie en société et individuelles, représentent notre pratique comportementale. De mon point de vue, il nous faut plus qu’une vie pour bien les comprendre et les appliquer dans les différents compartiments de notre vie et dans toutes les circonstances. Prenons Ahimsa, la non violence, le premier des Yama. Tout le monde (et surtout les yogis) se prévalent d’être non violents. Et pourtant, sur le tapis, combien de Pitta (notamment), sont durs avec eux-mêmes et vont trop loin, sans écouter leurs ressentis? Et puis, face à des circonstances particulières, une agression, qui ne va pas un jour sortir de ses gonds? Sans parler de la non violence de la pensée….
Ensuite, les Asana (les postures) et le Pranayama (les techniques respiratoires) sont les pratiques yogiques par excellence. Elles sont assorties de techniques qui les rendent concrètes. En première intention, elles relèvent du “faire”, un registre que nous connaissons bien. Elles aident assurément à peaufiner nos Yama et Niyama sur le rectangle de nos tapis.
Certains divisent les 8 branches en deux:
Yama, Niyama, Asana et Pranayama pour développer les aspects de notre personnalité en relation avec le monde extérieur. Ils font référence à un “yoga extérieur”
Pratyahara, dharana, Dhyana et Samadhi qui commencent par une démarche d’intériorisation. Ils appellent cela le “yoga intérieur”
Pratyahara, je m’autorise à citer ce 5ème pétale isolément car selon B.K.S Iyengar, il s’agit d’une charnière ou pivot sur la voie du yoga. Il explique dans “ La voie de la paix intérieure” que c’est là où….
“… les énergies créées par la pratique (abhyasa) doivent être harmonisées et équilibrées par la prudence du détachement (vairagya). La pratique génère une force centrifuge, une énergie tournoyante en expansion. Les problèmes surviennent quand nous ne parvenons plus à contrôler cette irrésistible énergie. …….Le détachement est le garde-fou disciplinaire du pratiquant de yoga. C’est une force centripète qui réinvestit dans la quête pour l’essence de notre être et avec une intention inébranlable les forces et les capacités que nous avons acquises. Cette autodiscipline volontaire correspond à pratyahara. Sans elle, le pratiquant de yoga, dont le corps et l’esprit sont renforcés, gaspillera ses efforts et se laissera séduire par la plus grande attention que le monde lui accorde et la plus grande attraction qu’il exerce sur lui”
On traduit souvent Pratyahara par “retrait des sens” ou écoute intérieure. En sanskrit Pratyahara signifie “tirer vers le contraire”. Guruji explique très bien que le mouvement normal des sens est de s’écouler vers l’extérieur, où ils rencontrent les objets du monde qu’ils nomment et interprètent à l’aide de la pensée. Pratyahara implique donc d’aller à l’encontre de cette tendance naturelle. C’est une rétraction difficile qui fait penser à la tortue qui retire sa tête, sa queue et ses 4 pattes à l’intérieur de sa carapace.
Pratyahara induit la concentration, Dharana, qui ouvre la voie vers Dhyana, la méditation. Et alors on est en route vers le Samadhi qui correspond à l’état d’unité. Pratyahara fait donc office de pivot vers les pratiques spirituelles. Ce chemin sous forme de liste et qui semble tout traçé est bien trompeur. Il s’agit en fait d’une spirale avec ses volutes. Pour Guruji, chaque asana se transformait en Dhyana, une méditation. Nul doute qu’il atteignait l’état d’unité au travers de ses pratiques asaniques et pranayamiques.
Comment sortir du concept pour expérimenter Pratyahara?
La semaine dernière je vous parlais des postures qui nous permettent de nous “rentrer dedans”. Je l’ai abordé au sens physique avec des parties de notre corps qui s’enfoncent ou épousent d’autres parties qui semblent prêtes à les accueillir. On pourrait parler d’automassage.
Je poursuis avec notre capacité à “nous rentrer dedans” 😊c’est à dire en nous extrayant des stimuli extérieurs. C’est bien le but du yoga que d’apaiser nos Vrittis. je crois qu’il s’agit du besoin le plus impératif pour la majorité d’entre nous. Il n’y a qu’à voir tous les messages que nous recevons, toutes les sollicitations dont nous faisons l’objet, qui nous tirent sans cesse vers l’extérieur et nous épuisent. Si nous n’y prenons pas garde, on peut traverser nos journées en mode virabhadra (guerrier). L’approche d’intériorisation pour compenser n’est pas nécessaire. Elle est indispensable.
Certaines postures ou pratiques favorisent le retrait des sens avec la sensation d’entrer chez soi.
Je mettrais en tête, sans ordre:
Les flexions avant, d’ailleurs la fameuse tortue ou Kurmasana est une flexion avant
Prasarita Padottanasana: au début, quand on apprend la posture, on enseigne à placer le sommet de la tête au sol, ce qui est déjà très difficile car la tendance naturelle des élèves est d’avoir le buste et la tête en avant avec le front au sol. Ensuite, on apprend à rapprocher la tête de la ligne centrale entre les pieds. Alors, il y a cet effet Pratyahara avec le cerveau enroulé (et l’abdomen également!)
Salamba Sarvangasana (la posture sur les épaules) et Halasana (la charre): le jalandhara bandha naturel (le sceau de la gorge) isole notre tête. L’état mental change. Il est impossible de décrire la sensation. Le cerveau se retrouve au plus proche du cœur. Cette connexion est l’amorce de l’union samadhique. On entre alors dans la sphère de l’intime.
Les 3 bandhas (jalandhara bandha, mulabandha, udyana bandha) certes visent à décupler les effets du prana. Mais aussi, le cerveau plonge dans le cœur, on monte dans nos entrailles, on s’avale littéralement le ventre. A poumons vides, on expérimente le plein du vide. Extra! Et forcément, on est complètement intériorisé. Comment pourrait-il en être autrement?
Les kumbakha : les rétentions de souffle à poumons pleins et poumons vides. Ce sont des moments de suspension, au cours desquels le Jalandhara bandha se renforce ainsi que la connexion tête/cœur pour une plus grande intériorisation.
Urdhva Namaskarasana: en levant les bras, les mains jointes en Namaskar, si on presse le haut des bras contre les oreilles, l’effet calmant et apaisant est quasiment immédiat. Cela induit un état d’intériorité. Pour preuve, cela renforce la stabilité de Vrikshasana, l’arbre. En principe.
Les abdominales comme Ardha Navasana. Ce sera notre posture du jour!
Shanmukhi Mudra: il s’agit de fermer les 6 portes de perception du visage avec les doigts (les yeux, les oreilles, le nez, la bouche). C’est un moyen mécanique de se couper du monde extérieur et certainement le symbole yogique de Pratyahara. Associé à Padamasana, on n’est pas loin de la perfection sur le plan des sensations
Les Pavana Muktasana: couché sur le dos, on attrape un genou (eka) ou les deux (dwi) avec la version tête soulevée vers le genou, on amorce très bien l’action d’intériorisation.
Regardez le placement de la tête en Prasarita Padottanasana avec l’amorce du Jalandhara bandha
Voici Ardha Navasana notre posture du jour
Je ne résiste pas et vous joins le magnifique dessin de Kurmasana, notre tortue, symbole yogique de Pratyahara. Dans sa version aquatique, le retrait des sens en est encore facilité, avec douceur. Nul doute que ce dessin produit des effets apaisants sur notre mental. Si vous travaillez à la maison, en l’accrochant à portée de regard, voous pourrez peut-être un peu désengorgée et décrisper votre mental en sur sollicitation. Un moyen efficace de vous connecter à la nature et à vous même.
C’est promis, nous la pratiquerons bientôt.
Ardha Navasana
Ne vous y trompez pas, si les yeux sont alignés avec les pieds, le regard est “dedans”. C’est une posture d’équilibre, de suspension, de roulis sur la base du sacrum. C’est l’enroulé de cet os dense et large qui est le plus difficile. Surtout que l’on aborde Ardha Navasana, la demi barque, enchaînée après Paripurna Navasana, le bateau, son grand frère.
C’est ainsi que l’on me l’a enseignée: Paripurna Navasana puis descente en Ardha navasana et retour en Paripurna navasana, et plusieurs fois s’il vous plaît. Cela nous fait comprendre le manège du bas du dos qui alterne les positions à la mode chat/vache (les préparations quand on est à genoux). Par conséquent ce que j’ai perçu de Ardha Navasana était surtout l’effort. Je n’avais pas vraiment compris “la paire” de ces deux postures dans leur complémentarité comme la “paire” Salamba Sarvangasana/Halasana.
C’est en pratiquant isolément Ardha navasana que je l’ai mieux tenue et mieux comprise dans son essence.
Les postures pointues et les postures rondes
Si je devais créer une énième classification des postures, je dirais qu’il y a les pointues/aigues et les rondes. A la mode de l’huile et du citron qui viennent assaisonner vos salades. Les “pointues” activent le système nerveux sympathique et les “rondes” mettent en jeu le système nerveux parasympathique. Comme nos deux narines, la gauche qui active Ida, le repos, la réparation et la droite Pingala, le nadi de l’action. C’est la “douche écossaise yogique” qui vient en quelque sorte nous décérébrer, faire voler en éclat nos Vrittis, en déstructurant notre mental.
Mais vous le savez, au final, chaque posture doit être à la fois ronde et pointue. En yoga, les carrés et les ronds fusionnent pour atteindre le fameux état d’unité.
Une posture qui renforce
Je vous parlais la semaine dernière de la force. J’y suis encore, car Paripuna Navasana comme Ardha Navasana nécessitent une bonne musculature du dos. En les pratiquant, on renforce le dos. En outre, elle agit aussi bien sur les muscles abdominaux que sur les organes abdominaux. Ces deux postures permettent de rester jeune en prenant de l’âge, sans souffrir car le dos sera fort et souple.
Ardha navasana agit sur le foie, la vésicule biliaire et la rate. Paripurna navasana active les intestins. C’est pourquoi l’association des deux en fait un “traitement complet”.
Une posture qui dompte le souffle
Il ne faut surtout pas bloquer son souffle et se mette en apnée dans la posture (comme dans toutes les postures d’ailleurs). Outre la pression néfaste dans le visage on n’agirait que sur les muscles abdominaux et pas sur les organes. B.K.S Iyengar recommande d’inspirer, expirer et bloquer puis recommencer. A essayer.
Une posture de rétractation
C’est une posture compacte, les jambes sont jointes, les têtes de fémur absorbées à l’intérieur de corps, les muscles abdominaux et les organes, engagés. Cette rétractation physique appelle le recentrage et donc l’intériorisation. Le mental devient presque captif et ne peut s’échapper. Si vous avez une envie impérieuse de lâcher, sachez que c’est votre mental qui se rebiffe en voulant vous ramener à l’extérieur.
Vous embarquez? 🚣
On se retrouve ce soir pour expérimenter à 18H30 ⬇️
Une séance pour approcher concrètement Pratyahara, le retrait des sens.
Pour le cours en ligne:
vous recevrez un mail de Fitogram 15 minutes avant la séance: vérifiez vos SPAMS
Mot de passe : holiways06
Si vous avez un empêchement je vous envoie le replay
Si vous êtes abonné-e à l'application "le yoga enchanté" la séance est mise en ligne dès le lendemain
Et les autres jours?
J’ai mis à jour le planning jusqu’au 12 juillet.
N’oubliez pas de réserver vos cours d’ici là!
Votre stage d’été
Stage d’été 1: du dimanche 14 juillet au jeudi 18 juillet + session au bord de l’eau le vendredi matin 19 juillet.
Il reste deux places pour le stage de l’après-midi (le matin est complet)
Stage d’été 2: du dimanche 21 juillet au jeudi 25 juillet + session au bord de l’eau le vendredi matin 26 juillet. Les stages d’été 2 sont complets, matin et après midi. Plutôt que de vous inscrire en liste d’attente (ce qui vous oblige à régler les arrhes), je vous invite à m’envoyer un mail. Je vous ferai signe si une place se libère.
Si vous ne pouvez pas vous déplacer, chacun des stages est proposé en ligne l’après midi, de 17H30 à 20H30. Si vous ne pouvez pas assister aux sessions, je vous envoie les replays.
Les stages du dimanche
A Roquefort les Pins le dimanche 21 avril de 9H30 à 12H30. Une place s’est libéré!
Vous pouvez aussi vous inscrire en ligne.
A l’Atelier de yoga à Mouans Sartoux, un stage a été ajouté le dimanche 28 avril de 9H30 à 12H30 (car il y avait beaucoup de monde en liste d’attente). Vous aurez bientôt le lien pour vous inscrire
Il reste deux kits de secours ayurvédiques
Ils sont très utiles et je me retrouve souvent à piocher dedans. Mon mari est un excellent “client”. A force de travailler dans le jardin (je sais qu’en ce moment ça ne se voit pas trop 😂), il accumule les petites bosses, coupures en tous genres, nez en chou fleur et courbatures. Il apprécie grandement mes petites fioles concentrées.
Merci pour votre lecture et votre présence. A très vite sur le tapis ou par la pensée.
Namasté
Isabelle
PS: Il y a de très fortes chances que les dates de notre voyage au Kérala en 2025 changent car des groupes allemands ont réservé avant nous. Rassurez vous je travaille avec la nouvelle agence sur le programme et sur les nouveaux créneaux en fonction des disponibilités du centre Madukkakhuzy, notre nouvelle maison de l’Ayurvéda.