Mes chers yoginis et yogis,
Tapis, mon beau miroir.
Notre tapis est bien plus que notre territoire, le temps de notre pratique. C’est aussi un fantastique décodeur, que dis-je, amplificateur, de traits de notre personnalité et de ce que nous sommes intimement.
Un jour une connaissance me disait que la réaction primaire et instinctive que nous avions après une anesthésie correspondait à qui nous sommes vraiment (colérique, craintif etc.). En ce qui me concerne c’est vrai (mais je préfère l’analyser sur mon tapis!).
Le yoga, que je réduis ici au tapis, siège de notre pratique, nous dit tout de nous. C’est transformateur et bénéfique pour autant que nous appliquions le Niyama Svadhyaya, l’étude de soi.
Sva signifie “soi” ou
Adhyaya veut dire étude ou investigation“
Svadyaya signifie donc “s’approcher de soi-même”, s’étudier. On l’étend à l’étude des textes car nos réactions seront révélatrices de quelque chose sur nous-mêmes.
Dans le deuxième chapitre des yoga sutras, Sadhana pada, Patanjali nous donne les moyens pratiques que nous devons mettre en œuvre pour créer les conditions favorables à notre processus de transformation vers la lumière.
Dans le sutra II-32 il cite les 5 Niyamas ou observances individuelles, ou encore règles de vie du yoga. Svadhyaya est le 4ème des Niyamas, après tapas (la pratique intense) et avant Ishsvara Pranidhana, l’abandon au divin. Cette juste place n’est pas anodine, je vous prie de l’observer.
Encore plus fort, le sutra II-44 est centré sur Svadhyaya:
“Svadhyayat istadevata samprayogah”
“L’étude du Soi permet d’appréhender le subtil, la dimension divine.”
Dans mes cours, j’évoque souvent Svadhyaya pour vous inciter à changer de paradigme: le regard en permanence tourné vers le monde extérieur doit être dirigé à l’intérieur. Comment expliquer que les plus grands sages, vivant en retrait, méditant dans des lieux reculés, avaient une connaissance si profonde des mystères du monde?
Le yoga est donc une voie royale, sacrée, pour mieux se connaître, mieux vivre avec nous-même et en harmonie avec les autres.
Par quoi commencer?
Comme vous savez, j’affectionne les oracles (les cartes), nous pourrions construire un jeu avec les archétypes du yogi 😁! Sachant que la pratique conduit à des comportements instinctifs qui relèvent du réflexe, il est assez difficile pour le pratiquant de les identifier et de s’auto-corriger.
Notre posture du jour est la reine des postures, Sirsasana
En dehors du yoga Iyengar®, un grand nombre de professeurs de yoga n’enseignent pas la posture sur la tête. Pourquoi?
Si on remonte la chaîne, elle ne faisait peut-être pas partie de leur cursus de formation de manière détaillée
Ou bien, ils ne la pratiquent pas eux-mêmes et ne se sentent pas légitimes pour l’inclure dans leurs cours
Ou encore, même s’ils la pratiquent, ils maîtrisent mal les techniques pédagogiques pour l’enseigner de manière sécuritaire et progressive pour leurs élèves.
Vous ai-je dit que c’est Sirsasana qui m’a fait définitivement basculer vers le yoga Iyengar® alors que j’étais déjà certifiée en Hatha yoga?
Dans le yoga Iyengar®, On introduit Sirsasana en général à partir de la deuxième année de pratique, lorsque les bases sont acquises ainsi qu’une bonne tonicité musculaire. Toutefois avec le recul d’années d’expérience je fais bouger les lignes de mon enseignement. Désormais, dès le premier trimestre du cours bases j’introduis l’idée de la posture sur la tête: je fais chercher ce sommet de tête (pas si simple à localiser!) et surtout, avant de s’installer en position assise en Vajrasana je fais poser le sommet de tête et rester pour goûter à cette merveilleuse sensation de massage cérébral. J’introduis le mécanisme d’élévation des épaules pour se “vider la tête” et l’isoler. Je crois aussi cette année que j’irai un peu plus loin dans l’aventure préparatoire de Sirsasana. A petites touches.
Je vais me servir de l’exemple de Sirsasana vous éclairer sur 3 typologies de comportements instinctifs, de nature selon moi à freiner l’apprentissage ou la maîtrise de la posture.
La première résistance que je rencontre fréquemment est la peur:
Peur de tomber, peur de se faire mal aux cervicales, peur de sensations inconnues et inconfortables etc. Vous me direz si vous avez d’autres peurs en tête 😁
Une anecdote pour illustrer?
Je connais très bien ce reflexe de peur. Je vais vous confier un exemple récent, vous vous sentirez moins seul-e (sauf si vous avez la chance de faire partie du clan des “sans-peurs”)😂.
Alors que je prenais un cours en ligne avec “mes indiennes”, en fin de cours, j’entends Parsva Bakasana (le corbeau sur le côté). Sacré oiseau! Je vous présente la pose:
J’ai enlevé mes lunettes et pris un bolster: trop peur de tomber la tête la première! Voilà déjà les reflexes de survie! Impossible de décoller les pieds du sol. J’incrimine mes bras trop faibles et mes fesses trop lourdes (je vous dis tout! 😂). Mais en réalité, cette posture ne m’a jamais été enseignée au sens “décortiquée” avec des clés, des astuces, pour “la passer” comme on dit dans notre jargon. Quelques minutes après le cours, je reçois un message WhatsApp d’une de mes collègues indiennes, enseignante également, qui avait bien repéré mes difficultés (il faut dire que j’avais été placée en intervenante du coup plein phare sur mes tentatives!). Elle m’a donné ses “trucs” et même une petite vidéo, et surtout, une promesse “you will get it in no time”! Pour la petite histoire je m’entraîne et vous tiendrai au courant. On la fera en posture mystère quand j’aurai passé le cap! 😁
Moralité: la peur trouve souvent sa source dans l’ignorance. L’antidote?
Appliquer la méthode, trucs et astuces
Chercher les bonnes “clés” pour soi, le “sésame”
Essayer, répéter sans se décourager
Dans l’application “le yoga enchanté” vous trouverez 16 tutoriels pour décoder l’apprentissage de Sirsasana avec ses préparations et ses versions “ardha” (demi). Cela illustre que l’apprentissage doit être progressif et méthodique.
Le deuxième frein: la précipitation
Cela concerne surtout les élèves débutants en Sirsasana qui sont autonomes pour monter contre le mur. A peine le temps de dire “Sirsasana” et les voilà lancés mais avec un Sirsasana de guingois. Voici quelques exemples:
Tête mal placée (de travers, trop sur le front ou sur l’arrière de la tête)
Coudes qui ballottent (pas d’ancrage)
Haut du dos très rond avec les épaules écroulées
Pieds “morts” (donc des jambes lourdes, donc du poids sur les cervicales)
Entendons-nous bien, certaines erreurs font partie de l’apprentissage, elles sont normales. Rien de grave dès lors qu’on ne reste pas longtemps mal placés. Toutefois, beaucoup d’entre elles peuvent être évitées ou minimisées avec une préparation attentive.
Souvenez-vous d’un de mes sutras favoris: le sutra II-16: Heyam Dukham Anagatam
“La douleur à venir doit/peut être évitée”
Moralité: ne pas négliger la préparation et les étapes préliminaires
La troisième limitation: le manque de courage
Cet aspect est assez insidieux. Le pratiquant pense qu’il ne peut pas physiquement lancer une jambe puis l’autre pour monter (en général la deuxième ne suit pas et freine). En réalité le blocage est souvent mental. Il y a un manque d’impulsion, de volonté, de détermination. L’instinct du guerrier fait défaut. Je suis convaincue que la pratique répétée des Virabhadrasana 1 et 2, pendant la première année d’apprentissage des bases, crée l’état mental propice au fameux lancé de jambes.
Parfois ce n’est pas tant le manque de volonté ou de détermination que le découragement qui est en cause.
Dans le sutra I-30 Patanjali cite les obstacles sur la voie du yoga, inhérents aux automatismes du mental. Parmi les obstacles on trouve Alasya: la paresse, la léthargie
Moralité: l’enseignant est là pour vous booster, “yes you can!”
Mais comment? Par exemple:
En créant l’envie et la motivation au travers des innombrables bienfaits de cette posture. Il est dit que toutes les postures n’ont qu’un but: préparer Sirsasana! Je vous invite à lire les pages 202 à 215 de la Bible du yoga de BKS Iyengar consacrées à Salamba Sirsasana I, le “roi des asanas”. Je ne m’autorise pas à faire une sélection: tout est important!
En vous faisant percevoir les sensations de “reset cerébral” induites de ce massage du cerveau, au travers d’autres postures avec la tête posée mais les pieds au sol. Notamment Prasarita Padottanasana, Adho Mukha Svanasana et Uttanasana avec un support sous la tête. Dans ces postures, le cerveau est placé sous le cœur, ce qui est la caractéristique des postures inversées. Ce sont d’excellentes préparations et dans certains cas des substituts. Mais elles ne remplacent pas Sirsasana. Aucune posture ne le peut.
En vous faisant accepter que ce n’est peut-être pas le bon jour pour vous, tout simplement.
En vous proposant des alternatives: les versions ardha (demi), Viparita Dandasana avec chaise, le petit banc de Sirsasana (la tête est dans le vide, c’est intéressant pour les personnes qui ont des problèmes de cervicales), Supta Padangusthasana 1 et 2 (2 pour les personnes indisposées). Parfois tout simplement, selon la séquence, Supta Baddha Konasana pour l’état de détente que cela procure.
Moralité? Je vous encourage à bien maîtriser les alternatives pour vous sentir à l’aise quand vous ne faites pas Sirsasana. D’ailleurs je commence à en introduire certaines dans le cours bases pour éviter que tout arrive “en paquet” (l’apprentissage de Sirsasana et ses alternatives) le moment venu.
RV à 18H30 à Roquefort les Pins ou en ligne. ⬇️
Pour apprendre, réviser, approfondir Sirsasana et surtout se placer dans une dynamique à la fois de progression et d’acceptation, là où vous en êtes aujourd’hui. Nous “tournerons autour” de la posture sur la tête. Que vous montiez ou pas, que vous mainteniez la posture ou pas, l’essentiel est de ressentir les bienfaits: le “avant” et “après”, sans “prise de tête” 😂.
Pour le cours en ligne:
vous recevrez un mail de Fitogram 15 minutes avant la séance: vérifiez vos SPAMS
Mot de passe : holiways06
Dans la joie de vous retrouver sur le tapis
Namasté
Isabelle
PS1: Je vous envoie le lien pour replay si je ne vous vois pas en live. Si vous êtes abonné-e à l’application “le yoga enchanté” vous retrouvez la séance dans les replays dès le lendemain
PS2: Le cours pranayam demain à 18H30 sera 100% en ligne: j’introduirai les alternatives à Sirsasana, ce sera complémentaire! Je m'inscris
PS3: Prenez note des stages du dimanche à l’Atelier de yoga à Mouans Sartoux de 9H30 à 12H30: 28 novembre/23 janvier/27 février/27 mars/10 avril/15 mai/12 juin. Les places sont limitées
Je m'inscris au stage du 28 novembre
PS4: Ne perdez pas de vue les cours par niveaux des lundis et mardis (base, intermédiaire et confirmé) qui suivent une progression et vous font progresser, pensez à votre stratégie d’apprentissage 😉