La semaine bleue des yogis et yoginis
Parsvottanasana et ses variations, parfaite en saison Vata
Bien chère yogini et yogi,
La semaine bleue en avez-vous entendu parler?
Nous sommes “dedans” si je puis dire car elle a commencé lundi 30 septembre et se terminera dimanche 6 octobre.
Je vous cite un extrait du site consacré à la semaine bleue:
La Semaine Bleue est l’occasion de promouvoir une image positive du vieillissement et de la vieillesse, en mettant en avant les contributions que tous les aînés, quels que soient leur âge, leur état de santé et leur niveau d’autonomie, peuvent apporter à la société.
Il faut donc retenir qu’il s’agit des aînés, du bien vieillir, dans un contexte collectif.
Dans la suite des jeux olympiques, le thème de cette année est “Bouger ensemble pour entretenir la flamme”
Sans le savoir, il y a certainement chez tout pratiquant de yoga, le souhait intime et profond de prolonger la vie, d’une part, et de bien vieillir d’autre part. Il est bien vrai que les textes anciens nous envoient quelques rêves de jeunesse éternelle. Cette quête autour du jeunisme peut conduire à une perception erronée, Viparyaya, telle qu’évoquée par Patanjali dans son Sutra I-8. Ce serait par exemple de croire que rester jeune correspond à toujours progresser vers des postures plus complexes: le toujours plus, tourné vers l’extérieur, à la place du plus profond tourné vers l’intérieur.
Témoignage d’une yogini de 70 ans
Lorsque je reçois de nouveaux élèves, je ne leur demande pas leur âge. Je regrette d’ailleurs que Fitogram n’exige pas la date de naissance dans le profil. Je sais que l’information semble indiscrète, néanmoins, elle est utile.
Je vous raconte ici le parcours d’une yogini (qui vient à mes cours mais qui assiste à beaucoup d’autres cours aussi!). Peut-être la reconnaîtrez vous si vous venez à Roquefort les Pins. A sa demande, je reste discrète sur son prénom. Par conséquent ne vous grattez pas la tête et ne cherchez pas à l’identifier.
Un parcours Pitta marqué par Tapas (effort intense et continu sur une longue durée)
Après 47 ans d’études et d’activité professionnelle très intense (souvent plus de 15 heures par jour), tournée vers les autres (profession médicale), la voici en retraite 💃. Elle a embrayé au même rythme. Elle s’est lancée dans 3 certifications (médecine vibratoire quantique, Hatha Yoga et Yin Yoga), se soumettant, pleine de fougue et d’enthousiasme, aux contraintes de tests et d’examens, même si c’est toujours pour la même et bonne cause: améliorer le bien-être des autres.
Sa pratique? Elle cumule Ashtanga, Mysore, Yin Yoga, Vinyasa, Iyengar et des sessions plus intellectuelles. Bref, le surmenage se poursuit. Cette diversité est à la mesure de son enthousiasme débordant qui la conduit à cumuler parfois 4 heures de cours par jour. La sanction ne se fait pas attendre.
Les séquelles
Outre de la fatigue et un système immunitaire présentant des signes de faiblesse (elle s’est retrouvée plusieurs fois clouée au lit avec des épisodes grippaux), cela commence par des douleurs aux genoux avec luxation du péroné en Padmasana (le lotus). Elle continue, optant pour Virasana, pour finir avec des douleurs dans les deux genoux. Une douleur à l’épaule se révèle et persiste. Suite à des enchainements de postures d’équilibre sur les mains, elle provoque une fêlure du poignet (je ne rentre pas dans le détail). Cela l’amène à consulter un médecin du sport (celui de son enseignante d’ashtanga, laquelle souffre également de multiples douleurs). Il est complètement halluciné par sa pratique. Il lui demande de tout arrêter, tout du moins une trentaine de postures identifiées comme étant dangereuses pour ses articulations. Elle obtient un bilan clinique: périarthrite d’une épaule, liquide dans un genou, fissure radiale, inversion de la courbure cervicale….
Un sacré coup pour le moral, que faire?
Ses douleurs l’amènent à réaliser qu’elle doit accepter son âge et adapter sa pratique en conséquence. Dur dur comme elle dit! Le processus de réflexion est en cours. Les décisions restent à prendre.
Lorsque nous échangions, elle me parlait d’une pratiquante d’Ashtanga de 73 ans, toute menue, “qui peut tout faire”, c’est à dire toutes les postures avancées, même les équilibres les plus impressionnants. Elle s’était donc dit: “pourquoi pas moi, si c’est possible à 73 ans!” C’est oublier sa propre constitution, l’historique de pratique etc. Je sentais que cette personne était pour elle un “marqueur” ou une référence avec 3 repères: le style de yoga (Ashtanga donc des enchaînements rapides avec ses prouesses “asaniques” ), le nombre d’heures de pratique quotidiennes (jusqu’à 4 heures avec beaucoup de cours) et bien sûr, l’âge. Une forme de modèle à suivre en quelque sorte. Je lui pose quelques questions sur le profil de cette yogini expérimentée dont elle envie (je l’ai bien perçu), les belles postures. Elle me dit alors qu’elle est hyperactive, qu’elle parle très vite. Voici des signes de déséquilibre: Pitta, Pingala (voir ci-dessous). Est-ce bien là le but du yoga? Ce n’est pas ce que nous disent les textes!
Souvenons nous de Ahimsa, le premier des yama (règles de vie collectives): la non violence. C’est fou comme on peut se violenter sous prétexte de se faire du bien avec une pratique bien-être comme le yoga!
La semaine bleue, la saison Vata et cet exemple nous incitent à
accepter et reconnaître notre âge
ne pas perdre de vue le but ultime du yoga
adapter notre pratique selon notre constitution, notre histoire de vie, notre âge
Le rôle majeur du Pranayama sur la longévité
Le pranayama, on en parle beaucoup moins car il n’y a aucune mise en scène, aucun signe visible de l’extérieur. Pourtant, B.K.S Iyengar clamait que asana et pranayama sont comme les deux ailes d’un oiseau.
Les humains respirent 15-20 fois par minute. les lapins, 60-70 fois, les éléphants, seulement 5-6 fois et les tortues 2-3 fois! La durée de vie du lapin est de l’ordre de 3-5 ans. Les éléphants vivent plus de 100 ans et les tortues pendant environ 250 ans!
Il y aurait donc une corrélation directe entre l’espérance de vie et la respiration
En ralentissant notre rythme respiratoire, on prolonge notre vie. Ainsi le stress et la colère qui sont des facteurs de respiration accélérée réduisent notre espérance de vie!
Mon amie Estelle, enseignante de Yoga Iyengar® à Rouen, est un peu mon modèle pour le Pranayama. Elle a accepté de raconter dans le Carnet de pratique Yoga Enchanté, comment elle “joue” avec les différentes techniques de souffle pour équilibrer son état mental et émotionnel. C’est assez inédit parce que souvent les textes s’arrêtent à la technique et aux bienfaits, ce qui est déjà très bien. Les témoignages de mise en pratique, c’est encore mieux, tout du moins complémentaire.
Il me reste quelques exemplaires de cette édition 2022 avec une belle promotion. C’est un joli présent pour vous ou bien à offrir
Purifier nos nadis
Dans le corps humains, nous avons 72 000 nadis, ou rivières énergétiques ou nerfs véhiculant de l’énergie). 36 000 sont appelés nadis féminins (Ida) localisés à gauche et 36 000 nadis masculins (Pingala) localisés à droite. Là où ils se rencontrent, le long de la colonne vertébrale en 7 endroits, ils forment un centre énergétique appelé Chakra . Généralement, les énergies ne circulent pas librement dans le corps en raison d’impuretés qui l’encombrent. La pratique des asanas et des différentes techniques de pranayama constituent un processus de nettoyage de ces impuretés.
Si on revient à la base, au Hatha Yoga, Ha signifie soleil et Tha se traduit par lune. Par conséquent, le Hatha yoga recentre les énergies solaires et lunaires pour que le Prana (le souffle vital) circule à travers le nadi Shushumna (le nadi central que l’on situe au centre de la colonne vertébrale).
Nous aussi, nous avons notre système solaire et lunaire!
Même si nous avons deux narines, notre respiration se fait en général dans une seule narine, dite dominante.
La narine gauche est connectée à notre cerveau droit, il s’agit du nadi Ida (le nadi lunaire). Respirer par la narine gauche rafraîchit le corps.
Quand le corps monte en chaleur sous l’effet des émotions, le Prana qui circule dans la narine gauche (Ida) fait descendre la pression. Le nadi Ida nourrit le corps alors que le nadi Pingala le consume. Le nadi gauche favorise l’activité mentale. Quand il est ouvert, c’est le moment d’étudier, de lire ou de se consacrer à des activités intellectuelles.
Le pranayama n’est rien d’autre qu’un équilibrage des systèmes solaires et lunaires dans notre corps
La narine droite est connectée au cerveau gauche, il s’agit du nadi Pingala (le nadi solaire). Respirer par la narine droite apporte chaleur et vitalité.
Le nadi droit est responsable de l’activité physique. Quand il est ouvert, c’est le moment de se lever, de bouger et aussi de manger car la digestion consomme beaucoup d’énergie.
Cette respiration alternée au travers des deux narines se produit généralement toutes les 2/3 heures.
Si le “soleil” est faible dans notre corps, cela peut conduire à la dépression
Si la “lune” est faible dans le corps, la personne peut devenir hyperactive et agitée, ce qui conduit au vieillissement prématuré.
Si les deux nadis sont ouverts, cela arrive entre deux alternances, on dit que c’est le temps parfait pour méditer. Ce laps de temps correspondrait à l’activation du 3ème nadi, le plus important, sushumna. On dit que lorsque les deux nadis remontent dans cette colonne centrale, alors, il s’opère un changement de conscience.
Quand on pratique le pranayama, on amène le Prana au travers du canal central, le nadi Sushumna (on rassemble le soleil et la lune). Cela évite l’effet de balancier du mental face aux pensées et aux émotions.
Ida et Pingala représentent l’énergie féminine et masculine. Les textes racontent que ces deux aspects de notre personnalité, le cœur (bhakti) et la tête (jnana) doivent s’équilibrer pour atteindre ce que l’on appelle la Réalisation suprême ou Vairagya qui conduit à l’immortalité (les textes le disent!).
Au passage, le Hatha Yoga Pradipika cite Sidhasana (la posture assise des sages - siddhis) comme étant la posture la plus importante pour le pranayama car elle purifie nos 72 000 nadis! Bien sûr à la suite, Padmasana (le lotus), Ardha Padmasana (le 1/2 lotus) et Vajrasana, laquelle en prime, améliore la digestion.
Quel est votre nadi dominant?
Au même titre que vous avez un Dosha (constitution ayurvédique) dominant, vous avez certainement un nadi dominant.
Une personne “Ida” sera davantage “heart centered”, créative et abordera les évènements de manière émotionnelle
Une personne “pingala” sera “head centered” avec une approche très rationnelle
Si vous n’avez pas encore fait votre test Dosha, rien de perdu!
Cette approche millénaire et plutôt secrète, qui consiste à observer notre souffle au travers de nos deux narines porte un nom: : le Swara yoga, ou la science du flux pranique dans le corps. Comme pour Surya Namaskar, une pratique très pranique, je pense que le Swara yoga sera pour moi également un sujet d’étude et d’approfondissement.
La respiration alternée, Nadhi Shodana fait partie des “musts” à pratiquer si possible au quotidien pour équilibrer nos nadis.
J’espère que je ne vous ai pas perdu-e? 😄
Le Swara yoga est souvent symbolisé par une pyramide avec d’un côté la lune et de l’autre le soleil.
C’est une transition parfaite pour vous présenter la posture du jour Parsvottanasana, aussi baptisée la pyramide en raison de sa forme géométrique
Parsvottanasana
C’est une posture asymétrique. Je vous inviterai au passage, si vous n’y pensez pas, à observer le souffle dans vos narines. Peut-être ferez vous des découvertes intéressantes.
Parsva = flanc, côté, latéral
Uttan = étirement intense
Dans cette posture on étire intensément les flancs
Puisque nous sommes en saison Vata, propice aux douleurs articulaires, qui se réveillent également en ce moment chez les personnes Vata ou en âge Vata (50 ans+). nous aborderons cette posture sous l’angle des articulations.
Pour cela, je vais utiliser le concept du point source:
à partir de quel endroit on plie, puisqu’il s’agit d’une flexion avant debout
à partir de quel endroit on fixe la conscience pour trouver la stabilité et l’équilibre avant/arrière
Cette posture est vraiment éblouissante, voici quelques exemples 😍:
Elle se pratique en version demi (ardha), dos concave ou bien en mode restauratif, front et bras supportés (utile en cas de fatigue, pendant les lunes, maux de dos, migraine, glaucome etc.)
Elle prépare les extensions arrières dans sa phase préparatoire, quand on est encore debout
Elle enseigne le mouvement de rotation de la jambe arrière pour aligner le bassin
Elle étire les ischio-jambiers et les mollets tout en renforçant les quadriceps
Grâce aux jambes tendues (pas de compromission!), elle fixe les genoux dans leurs articulations
Elle mérite d’être maintenue pour son effet apaisant sur le système nerveux
Elle stimule la digestion grâce au massage du ventre sur le haut des cuisses
Elle favorise l’enracinement et la solidité
Elle développe l’équilibre émotionnel
Sur le plan spirituel elle fait découvrir la paix intérieure
Toutes ces propriétés sont idéales en période Vata. Cela ne vous a pas échappé n’est-ce pas?
Voici la posture dans sa version complète avec les mains en Paschimanamaskar. Cette version aboutie challenge les articulations des épaules et des poignets. Il est naturellement possible de rester dans la posture simplifiée mains posées ou so ou sur des briques, ou en mode Ardha.
Shanti Mudra pour des articulations saines
Si vous me suivez toujours dans mon périple de ce qui est bon en cette saison Vata, en regard des déséquilibres qu’elle peut nous apporter, voici la Mudra de la semaine
Vous observerez que le geste est différent dans les deux mains.
Main droite: Prithvi Mudra, pouce (élément feu) et annulaire (élément Terre) joints
Main Gauche: Akasha Mudra, pouce et majeur (élément Ether ou espace) en contact
Les paumes de mains sont posées sur les cuisses, tournées vers le haut.
Sandhi signifie articulation. Cette Mudra mobilise l’énergie bloquée autour des articulations (épaules, nuque, hanches, genoux, chevilles, poignets, coudes
Je vous la recommande si vous passez de longues heures en position assise ou bien en position debout. La durée idéale en cas de douleur est de 15 minutes en 3/4 fois sur la journée. On peut même s’endormir avec!
On se retrouve ce soir pour expérimenter à 18H30 ⬇️
Vous avez déjà de gros indices sur la séance de ce soir autour de Parsvottanasana assortie de sa Mudra, de son concept clé autour du point source et des articulations. Et pour le dessert, l’observation du souffle dans vos deux narines et Nadi Shodana pour équilibrer le tout. Une jolie séance vous attend!
Pour le cours en ligne:
vous recevrez un mail de Fitogram 15 minutes avant la séance: vérifiez vos SPAMS
Mot de passe : holiways06
Si vous avez un empêchement je vous envoie le replay
Si vous êtes abonné-e à l'application "le yoga enchanté" la séance est mise en ligne dès le lendemain
Inscrivez vous au stage à Mouans Sartoux le dimanche 20 octobre de 9H30 à 12H30
Et le dernier à Mouans Sartoux pour 2024 le dimanche 1er décembre de 9H30 à 12H30
Avez-vous pensé à adhérer à l’AFYI, l’Association Française de Yoga Iyengar?
Merci à vous 🙏
En attendant, je me réjouis de vous retrouver sur le tapis
Namasté
Isabelle