Chère yogini, cher yogi,
Jusqu’à demain, nous sommes la dernière semaine du mois. C’est un peu le bonbon après 3 semaines de pratique plutôt intense. Nous abordons les postures sous un angle pranayamique, idéalement avec un minimum d’efforts musculaires. Des étirements profonds, des postures supportées en tenue prolongée, des inversées et tout du long l’observation du souffle, voici en quelque sorte la recette. L’ennui, c’est qu’une fois le corps prêt, ouvert et la sensibilité aiguisée, arrive la fin du cours. Frustrant!
Une trêve du “donkey work” 😁
Ce qui est difficile à comprendre, ou à admettre, même pour les pratiquants de yoga Iyengar®, c’est que le “donkey work” (selon l’expression de Raya, l’invité de la dernière Convention nationale et des enseignants à Arles) vise à créer des passages, à briser des murs invisibles qui nous enferment, physiquement, mentalement, émotionnellement, spirituellement. C’est le travail d’âne ou de mulet dans les postures, pour dépasser nos limites et nos frontières invisibles. Voici le royaume de Tapas, la pratique ardente, rigoureuse, régulière, sans interruption, avec la foi, Shradda. Alors, vu que ce donkey work est bien la seule chose que l’ont voit dans l’enseignement et la pratique posturale, deux risques peuvent émerger:
Rester dans ce schéma de pratique, peut-être parce qu’il satisfait nos besoins d’action et de réalisation en nourrissant notre part de Pitta (et notre ego). Alors on peut se dessécher, au sens propre comme au figuré, même si, au global, la pratique reste salutaire.
Arrêter tout simplement, ou bien reculer, parce que repousser ses limites nécessite du courage et aussi de dépasser des peurs, et il faut bien le dire, certaines douleurs.
Ce travail postural n’a qu’un seul but: créer des automatismes, de telle sorte que nous puissions enfin embrasser les subtilités du yoga, dont fait partie le Pranayama.
En attendant, Tapas c’est comme bouleverser ses habitudes. Tout ce qui est nouveau pour notre corps peut générer des résistances.
Que penser de la douleur en Yoga?
Le yoga est catalogué “pratique douce” , réparatrice, sous-entendu sans aucun risque pour le corps.
Le yoga Iyengar® travaille en profondeur pour à la fois renforcer nos muscles et nos articulations et les assouplir. Selon les constitutions, le besoin prioritaire sera d’assouplir (les Pitta) ou de renforcer (les Vata et certainement les Kapha).
Dans tous les cas, le but est l’apaisement
Raya a utilisé une image intéressante. Il explique qu’en jouant au bowling 🎳, on lance la boule et ensuite on la laisse avancer. Il n’est pas question de la suivre en courant. En yoga, une fois que l’on a créé les actions et les étirements, il faut savoir “laisser rouler”, sous-entendu laisser glisser les fibres musculaires.
Si on revient à Tapas, il est possible de ressentir certaines douleurs. D’ailleurs, lors des intensifs de Blacons avec Faeq Biria, les murs du gymnase étaient décorés de citations de B.K.S Iyengar. L’une d’elle m’avait particulièrement marquée:
“Enjoy your pain”
Quel paradoxe cette association de deux ressentis a priori antinomiques: le plaisir et la douleur!
L’un des enseignements du yoga Iyengar® repose sur la distinction entre la bonne et la mauvaise douleur
Comment distinguer la bonne et la mauvaise douleur?
Quesaco? La mauvaise est évidemment celle qui peut se transformer en blessure (élongation, tendinite et.). Un mal de tête qui survient dans une posture n’est pas un bon signe. Parfois, tout simplement, il provient du blocage de la respiration. Dans ce cas, il vaut mieux revenir de la posture, surtout s’il s’agit d’une posture que l’on tient de manière prolongée. C’est pourquoi le pratiquant doit rester à l’écoute de son corps. La concentration est donc un premier levier protecteur.
La bonne douleur s’efface après le retour à l’état neutre.
Je témoigne
En ce qui me concerne (je me permets de témoigner 😉), je dirais: pas toujours. Si vous me connaissez, en tant que Vata, je ne suis pas naturellement musclée (et je n’ai jamais rien fait pour non plus en dehors du yoga). Mon haut du corps a toujours été plutôt frêle et faible. Alors, imaginez l’apprentissage des deux inversées royales Salamba Sarvangasana et Sirsasana. Selon l’expression populaire, cela ne s’est pas fait sans mal, dès lors qu’il s’agit de maintenir ces postures dans la durée. J’ai souvent ressenti ce que j’appelle des “grigris” pour désigner les tensions musculaires persistantes sur quelques jours. C’était un peu le deal implicite! Tu veux rester dans la posture? Alors la douleur va t’accompagner quelques jours. Pour moi, c’était une bonne douleur. Je savais au plus profond de moi-même que je devais en passer par là. Et puis, la douleur est apprenante.
Aujourd’hui, la douleur est mal vue, mal perçue, mal acceptée
Lors d’un de ses derniers cours, Abhijata (la petite fille de B.K.S Iyengar) faisait remarquer qu’au moindre inconfort, le reflexe était de quitter la pose. Non! Elle recommande de rester un peu, respirer, repérer quelle est l’origine de l’inconfort et de tenter de s’ajuster. Certes, cette démarche nécessite un minimum d’expérience, elle ne concerne pas les débutants.
C’est ainsi que l’on développe des qualités de résilience qui s’étendent bien au delà du tapis
Je dis souvent que lorsqu’il y a douleur, le souffle ne passe pas à cet endroit. Naturellement, je ne parle pas de douleurs liées à des accidents ou pathologies “historiques”. Parfois, sous le coup de l’effort, on bloque sa respiration et on s’étonne, ensuite, de ressentir une douleur. J’ai utilisé la semaine dernière l’image de l’airbag qui vient envelopper et protéger. Avec le yoga, nous nous équipons d’airbags internes et externes.
Le souffle est peut-être le premier agent protecteur, à la fois protecteur et soignant. Il devient anti-douleur, notamment quand on expire en cercles concentriques autour de la zone douloureuse.
Pourquoi bloque t-on sa respiration? Pour le débutant, c’est un reflexe lié à l’effort. Parfois, c’est la peur. Corine Biria disait qu’il ne suffisait pas d’escalader l’Everest pour avoir peur.
Peur => souffle bloqué => muscles contractés => douleur et parfois => blessure
Vous comprenez le schéma?
Prenons l’exemple d’une première montée en Sirsasana: le Pitta en vous veut vraiment monter. Le Vata craint pour ses cervicales. Il peut aussi y avoir un conflit entre le corps et le mental. Vous avez la volonté pour monter mais le corps ne suit pas. Il se fait lourd. Parfois, il faut se contenter des préparations et/ou des alternatives et accepter ses limitations pour une approche pas à pas, à son pas.
Les kapha/Pitta ou Pitta/Kapha sont souvent prémunis de ces conflits car le Kapha est par nature confiant et relativement sans peur. Il accueille bien volontiers l’action propulsée par le Pitta tête fonceuse.
Les Pitta/Vata ou les Vata/Pitta forment des duos qui incitent à la prudence: Pitta pousse à l’action mais Vata a peur. Que faire?
Si je reprends l’exemple de mon témoignage, à l’époque j’étais ignorante de ma constitution ayurvédique et des 5 éléments. Je savais intuitivement que le yoga Iyengar® nourrissait mon besoin d’ancrage et de sécurité (élément Terre). Mes enseignants avaient aussi le don de décupler mon énergie de Pitta en constitution secondaire (élément Feu). Bref, j’ignorais complètement que j’avais besoin des qualités de l’élément eau. Il m’aura fallu du temps et des investigations (c’est encore en cours) sur le chemin vers un meilleur équilibre.
Petit retour sur les éléments
S’imprégner des qualités des 5 éléments qui constituent l’Univers (et nous-même) constitue une des réponses. De quelles qualités avez-vous le plus besoin en ce moment?
Vous trouverez dans le 1er carnet de pratique Yoga Enchanté un tableau récapitulatif sur les 5 éléments avec leurs caractéristiques et la façon de pratiquer pour renforcer ces qualités en vous. C’est en pratiquant et enseignant autour des 5 éléments que je me suis rapprochée de l’Ayurvéda. N’oubliez pas qu’ à chaque Dosha correspond une paire d’éléments. Votre constitution dominante est deux porteuse d’au moins un élément à renforcer pour s’équilibrer.
Par exemple, le Vata (Air + Ether) aura besoin en priorité de renforcer son ancrage, propre à l’élément Terre (Prithvi) . L’élément Eau (Appa ou Jala) et sa fluidité viendra compenser sa tendance au dessèchement.
Le Pitta (Feu + Eau) profitera d’une pratique élément Eau pour apporter de la douceur, de la fluidité, pour être plus “cool” vis à vis de lui-même et du monde en général.
Le Kapha (Terre + Eau) devra cultiver la légèreté de l’élément Air (Vayu) et raviver le Feu, Agni tout en préservant sa douceur naturelle propre à l’élément Eau.
Ceci étant, chaque jour nos besoins peuvent être différents, notamment en fonction de circonstances extérieures qui peuvent contribuer au déséquilibre de notre constitution.
Si vous avez le carnet de pratique Yoga Enchanté je vous invite à revoir le tableau. Sinon, c’est ICI pour le commander
Le yoga Iyengar® est en lui-même protecteur car les rythmes et les façons de pratiquer diffèrent d’un cours à l’autre. Cela peut aussi expliquer que vous êtes plus à l’aise dans une certaine ambiance de cours que dans une autre.
Pour revenir au chapitre douleur/blessure, un sujet un peu tabou, une pratique diversifiée sur le plan postural et du rythme vous protège et contribue à l’équilibre de vos Dosha.
Cela m’amène au Sutra II-16 des yoga sutras de Patanjali
Heyam duhkham anagatam
« La douleur à venir peut être évitée ».
En voilà une bonne nouvelle qui nous incite au principe de précaution. J’adore ce sutra court aux belles sonorités. J’espère que vous le retiendrez et surtout que vous chercherez à le mettre en pratique.
Je vous ai déjà donné de bonne pistes pour prévenir les douleurs. Je complète, pour l’essentiel.
Prenez garde aux étapes d’entrée et de sortie des postures
Je constate souvent un déficit d’attention lorsque je démontre ou explique, chacun étant occupé à déplacer ou installer son matériel. A moi de lancer un rappel à l’ordre car je sais bien que la sécurité est en jeu. Donc, s’il vous plaît, ne manquez pas une miette des explications et instructions, sauf si vous connaissez déjà la posture et que la démonstration s’adresse à ceux qui la découvrent.
L’attention est primordiale
D’ailleurs vous savez certainement qu’un pourcentage élevé d’accidents de voiture est dû à la somnolence, donc à la perte d’attention.
Ensuite, chaque étape à son importance et doit être « goûtée » au sens appréciée. Trop de précipitation pour entrer dans la posture peut vous faire perdre l’équilibre ou l’alignement. Si vous êtes Pitta, c’est un point de vigilance pour vous.
Par exemple, vous n’êtes pas prêt -e à monter en Sirsasana, la posture sur la tête, si vos coudes ballotent avec des avant-bras flottants.
Observez l’impact du défaut d’alignement
Par exemple, beaucoup de débutants redoutent Salamba Sarvangasana (la posture sur les épaules) car ils ressentent trop de pression dans la nuque, et aussi parfois l’impression de ne plus pouvoir respirer correctement. Dans 9 cas sur 10, le coccyx est sorti et les jambes sont penchées vers la tête. Il en résulte beaucoup de poids sur la nuque. Vous pensez bien que la verticalité ne peut être atteinte comme par magie. Elle s’acquiert avec le temps et pas mal de pratique. La condition de débutant pour cette posture ne se compte pas en mois mais en années pour le commun des pratiquants dont je fais partie. ne vous découragez pas surtout! 😉
J’espère vous vous avoir donné matière à réflexion sur cette délicate question de la douleur qui peut être ressentie quand on pratique.
Supta Baddha Konasana
Voici une posture maîtresse dans les cours de yoga Iyengar®
Il s’agit d’une posture restaurative d’ouverture de bassin recommandée pendant les règles et pendant toutes les phases de la vie des femmes. Elle vous offre de multiples possibilité selon les supports que vous utilisez. Posture d’ouverture du bassin par excellence, elle permet de développer votre conscience respiratoire et s’intègre merveilleusement dans vos exercices de Pranayama.
L’installation classique avec la ceinture comporte toutefois quelques pièges. Mon objectif est que vous soyez autonome pour vous installer.
Votre challenge sera de vous installer pour rester. En vertu du principe de précaution, vous devrez prévoir un support en cas de douleur dans les aines.
Voici les “corps” au Rimyi installés dans une version de Supta Badha Konasana
Retrouvons nous ce soir à 18H30 ⬇️
Une belle ouverture du bassin vous attend!
Pour le cours en ligne:
vous recevrez un mail de Fitogram 15 minutes avant la séance: vérifiez vos SPAMS
Mot de passe : holiways06
Si vous avez un empêchement je vous envoie le replay
Si vous êtes abonné-e à l'application "le yoga enchanté" la séance est mise en ligne dès le lendemain
Et les autres jours?
Le planning est à jour jusqu’à Noel.
N’oubliez pas de réserver vos cours d’ici là!
Au plaisir de vous retrouver sur le tapis
Namasté
Isabelle
PS1: J’ai ajouté une offre spéciale si vous achetez le Livre Yoga Enchanté - Santé & Ayurvéda sorti en juin et le Carnet de Pratique Yoga Enchanté paru en juin 2022, profitez en et faites circuler l’info! 🙏
PS2: Le prochain stage à Mouans Sartoux aura lieu ce dimanche 3 décembre de 9H30 à 12H30. Les réservations se font directement sur le site Momo Yoga de l’Atelier du Yoga
Dans la foulée je vous donne les autres dates pour que vous puissiez réserver votre place