"Nuit blanche" 🥱

Le yoga pour le sommeil avec la posture Janu Sirsasana

Bien chère yogini, bien cher yogi,

Voici un titre bien incongru. Je l’ai chapardé si je puis dire, à Bernard-Henri Levy. C’est le titre de son dernier livre, lequel, paraît-il, marque un tournant dans sa vie d’écrivain. Je ne l’ai pas lu (mais je vais le faire car j’apprécie la finesse de réflexion, de ton et d’expression de ce philosophe).

Je vous le cite, car il souffre d’une maladie, peut-être depuis son enfance, celle d’être insomniaque. Cette maladie touche, il le précise, une personne sur 5. C’est qand même énorme et une grande souffrance. Maman était insomniaque. Je la voyais perdue, éperdue, se couchant de plus ou plus tôt et se levant de plus en plus tard, multipliant les statégies d’aide à l’endormissement avec des techniques naturelles comme l’auto reiki, mais aussi, au final, les petites pilules qui vous font sombrer de guerre lasse dans un sommeil artificiel. Les heures de veille au lit et les heures de sommeil se révélaient inversement proportionnelles.

En écoutant BHL, ma machine à penser yogique s’est immédiatement mise en route

J’ai raisonné en Vayu, voyant de manière évidente le déséquilibre de Udana Vayu. Cet homme est “tout dans la tête”, un grand cérébral et aussi un grand communicant, aussi bien à l’écrit qu’à l‘oral. L’énergie de Udana Vayu est en volutes, en spirale, vers le haut. Sa résidence est dans la tête et le cou, incluant les bras et les mains. Quand Udana Vayu est trop actif, le sommeil se trouve perturbé, avec selon les cas un endormissement difficile (trop de pensées et de ruminations) ou bien des réveils nocturnes.

Au passage, j’ai écrit un article “Les Pancha Vayu vos nouveaux amours” dans le livre Yoga Enchanté, Santé et Ayurvéda. Cela m’intéresse particulièrement car c’est une porte d’entrée en yoga thérapie, un axe de lecture et de pistes d’actions face aux déséquilibres.

En résumé, quand Udana Vayu est emballé, il faut faire redescendre l’énergie vers Apana Vayu, l’énergie descendante localisée du nombril au périnée, incluant les jambes.

Il faut donc redescendre dans la matière, cultiver l’ancrage. Hélas, les artistes et/ou les intellectuels cultivent jalousement leurs envolées cérébrales car c’est la-haut qu’ils produisent le mieux et expriment leur art. D’ailleurs BHL le dit clairement en faisant référence à ses livres, quand la machine s’emballe pour arriver à la fin. Les faire redescendre sur terre leur apparaît contre nature. Ils sont donc acteurs de leurs propres résistances.

En observant BHL, il m’est apparu qu’il était très Vata, si je me réfère aux Dosha Ayurvédiques. Il se décrit d’ailleurs comme étant de tout temps un baroudeur, un homme en mouvement perpétuel. Il cite Proust, en se rangeant dans “la famille magnifique et lamentable des nerveux”. Vata est composé des éléments Air et Ether et est associé au mouvement. Les personnes Vata par constitution ou en âge Vata (50 ans +) se retrouvent souvent agitées de nombreuses pensées, avec une grande difficulté à se poser, à se caser dans un rythme, dont le sommeil fait partie. Les Vata ont des grands “hauts” à la hauteur de leur enthousiasme, mais aussi de sévères “bas” avec des épisodes plus sombres, car le plus souvent ils ne sont pas ancrés par les besoins fondamentaux de l’homme comme la nourriture et le sommeil, car ces fonctions sont marquées par l’irrégularité les concernant. Par nature, les Vata sont ceux qui dorment le moins. Un 6 heures de Vata vaudra un 10 heures de Kapha et un 8 heures de Pitta. Si vous êtes un-e professionnel de l’Ayurvéda, n’hésitez pas à commenter ces affirmations, en espèrant qu’elles vous semblent justes.

En résumé, BHL exprime qu’il est en proie à la tyrannie des médicaments, ceux qui le plongeront dans un sommeil mécanique et ceux qui le réveilleront. Il prétend avoir tout essayé. N’ayant pas lu le livre, je m’avance peut-être un peu, mais il me semble qu’il n’a pas TOUT essayé. A t-il passé la porte d’un cours de yoga Iyengar? Nous sommes les seuls (à ma connaissance), avec la tyrannie de nos inversées (si difficiles à appréhender pour beaucoup de pratiquants). Pourtant, elles régulent notre métabolisme en agissant sur tous nos systèmes: immunitaire, endocrinien, nerveux, cardio vasculaire, digestif, hormonal etc. Pour cela, il faut traverser les phases d’apprentissages, d’inconfort, souvent de peur. Ce sont les “must” pour assurer un sommeil régulier et profond. Je peux vous en parler en connaissance de cause car en bonne Vata (en âge Vata 😉), si je faiblis sur ma pratique des inversées, la sanction est quasi immédiate. Et pour en revenir au sujet du sommeil, il en est immédiatement affecté.

Le cas de BHL est spécifique car il a érigé l’absence de sommeil en éthique 🙄.

Il dit que nous sommes aujourd’hui dans un monde de chaos qui ne dort pas. Il se demande bien comment on peut dormir dans un tel contexte. Carrément provocateur , il dit qu’on a un “devoir d’insomnie”. Derrière cela, est aussi sous-jascente la peur de la mort. D’ailleurs, il s’en inquiète: peut-on mourir de ne pas dormir? Et puis, il y aussi le sommeil assimilé à une petite mort, à une perte de contrôle, à l’âme qui s’échappe vers les sphères célestes et qui peut-être ne reviendra pas. L’une des vertus souvent inexprimées du yoga est de nous aider à mourir (pas fun, n’est-ce pas?😉 A première vue!). Savasana n’est autre que la posture du cadavre, quand le corps n’en finit plus d’expirer.

Parmi les concepts les plus importants abordés dans les Yoga Sutras de Patanjali, on trouve le concept des pancha klesha : les 5 afflictions ou les 5 causes de la souffrance. La dernière des Klesas, est Abhinivesha, l’attraction et le sur-attachement à la vie dont découlent nos peurs et nos anxiétés.

D’ailleurs, BHL dans sa nuit d’insomnie décide de penser à “ses morts”. Il y en a tellement que le sommeil n’est pas venu (on ne s’en étonnera pas!).

L’importance des inversées

Si quasiment tous les insomniaques recherchent les bonbons du sommeil, tous ne sont pas enclins à goûter au bonbon, au début acidulé, de la pratique yogique, et plus particulièrement de celle des inversées, les fameuses “Viparita karani”, nom générique que l’on retrouve dans le Hatha Yoga Pradipika, avec la promesse d’une jeunesse éternelle si on les pratique plusieurs heures par jour.

Les postures inversées occupent une place essentielle en yoga Iyengar®. Elles impliquent de traverser des inconforts, voire parfois des douleurs. Dans un petit nombre de cas, nos inversions déclenchent des aversions 😄. Et voici que pointe son nez la 4ème Klesa: Dvesha, ou les souvenirs de douleur qui génèrent les aversions. Heuresement nous avons des alternatives à proposer ainsi que des aménagements grâce aux supports.

Le livre “Nuit blanche” de BHL tombe à point nommé car je trouve qu’en ce moment, beaucoup de personnes traînent une fatigue latente et lourde. Est-ce votre cas? En même temps, le sujet des inversées est d’actualité pour moi avec le dimanche Uniyoga du 12 janvier qui leur était consacré. Je les décompose en primaires ou royales ( Sirsasana, Salamba Sarvangasana, Halasana, Setu Bandha Sarvangasana, Viparita Karani) et les inversées secondaires dans lesquelles il est plus difficile de rester longtemps (Adho Mukha Svanasana, Prasarita Padottanasana, Uttanasana, Chatuspadasana). On remarque d’ailleurs que les inversées qualifiées de secondaires, appartiennent aussi à d’autres familles posturales comme les flexions avant pour les 3 premières, et une discrète extension arrière pour la dernière.

Quelle pratique pour mieux dormir?

Un bon sommeil ne se déclenche pas comme par magie, dès que l’on pose la tête sur l’oreiller. Il se prépare et s’anticipe dès que l’on met le pied par terre le matin! Je ne m’étends pas ici sur tous les bons conseils propices à un endormissement facile.

Une séance anti-insomnie comprendra:

• Des flexions avant avec support sous la tête

• Des inversées

• Des “supine” ou postures supportées (comme supta baddha konasana, supta virasana)

On peut dire que c’est une pratique basée sur l’élément Terre avec beaucoup d’ancrage. Les supports, sous la tête, sous le ventre ou sous le dos, favorisent cet ancrage et le retour à soi. Cela devient une pratique tactile, un peu comme un auto-câlin. L’hormone du bonheur, l’ocytocine, est libérée. Cela induit une sensation de bien-être et d’apaisement, avec un sentiment de sécurité qui nous renvoie à l’enfance.

Ainsi, votre pratique anti-insomnie devient un auto-câlinage. 🥰

C’est en tous cas une jolie intention à donner à sa pratique.

Si vous avez peu de temps, LA posture à pprivilégier est Viparita Karani avec les fessiers en hauteur sur le bolster, ou a minima, Urdhva Prasarita Padasana à plat dos, les jambes levées contre le mur. Ces postures allègent la fatigue nerveuse, apportent un sentiment de confiance et de sécurité, et réduisent la dépression. Si votre lit est contre un mur, vous pouvez même lever vos jambes contre le mur, sanavoir à vous relever ensuite.

BKS Iyengar disait d’ailleurs que cette posture était un acte de méditation, Dhyana.

Janu Sirsasana, la posture du jour

Janu signifie genou et Sirsa, la tête. B.K.S Iyengar, qui ne raisonnait pas comme tout le monde, enseignait qu’il s’agissait de la tête du genou de la jambe pliée qui doit presser le sol.

La version avec support

Cette flexion avant, surtout dans sa version avec support sous la tête, calme l’esprit et le système nerveux sympathique. L’esprit se détache des sens et les sensations d’irritabilité et d’agitation s’apaisent. Elle repose le coeur en activant le chakra Anahata, ce qui aide en cas de dépression et d’insomnie.

Pour recevoir ces effets, il est important que la poitrine et les aisselles soient dégagées, avec les coudes également supportés, ou bien les bras étirés en avant sur un support de la hauteur des épaules. Ce point est souvent mal compris, car le réflexe est de laisser tomber les coudes ce qui ferme la poitrine et peut entraîner des effets contraires à ceux recherchés.

Cette posture n’est pas recommandée en cas de bronchite ou d’asthme. Il vaut mieux l’éviter en cas de diarrhée également car cela peut même agraver le phénomène. Si le genou est très haut, il faut augmenter la hauteur sous les fessiers. Si cela persiste, on peut placer un support sous le genou. Si le genou demeure très haut, il ne faut pas chercher à descendre, au risque de se blesser. On restera alors en phase dos concave. Cette posture, comme toutes les flexions avant est excellente en cas de migraine, surtout avec un bandage autour de la tête.

Les bienfaits de Janu Sirsasana supportée

• Elle aiguise la mémoire (doublement bon pour les Vata!)

• Elle soulage les maux de tête chroniques et les tensions oculaires

• Elle régule la pression artérielle

• Elle vitalise les glandes surrénales et détend la glande thyroide

• Elle aide à contrôler a vessie

• Elle agit en prévention de l’élargissement de la prostate

• Elle réduit les crampes menstruelles et soulage la sécheresse vaginale

• Elle régule le flux menstruel

Ces bénéfices peuvent s’exprimer car la posture peut être maintenue sans effort. Dans sa version classique, les effets physiques seront davantage présents comme la tonification des organes abdominaux, l’assouplissement et le renforcement musculaire des jambes.

Un débutant gardera le pied contre la cuisse en ouvrant moins l’angle de la jambe, ce qui lui permettra de descendre davantage. Avec le temps, on ouvre l’angle de la jambe plie (le genou recule), la plante de pied se retrouve vers le plafond. Dans cette version il est plus difficile de descendre.

Une fois que le front touche la jambe, on essaie de poser le nez, puis les lèvres et enfin le menton au delà du genou. Bref, vous comprenez qu’il y a là une phase active avec un peu de défi.

Dans cette posture, on touche les limites de ses ischions jambiers, de son dos et de son bassin. Si on n’a pas de problème de dos particulier, un bon moyen pour aller plus loin est d’enchaîner Halasana Paschimottanasana aller et retour et d’essayer janusirsasana en lieu et place de Pashimottanasana. L’élan et la propulsion aident à aller plus loin.

En début de semaine nous avons abordé les flexions avant exclusivement dans leur phase dos concave:

Cette phase active est indispensable (souvent escamotée tellement on est pressé de descendre) pour créer de l’espace à l’avant du corps, étirer la colonne vertébrale et saisir le pied.

On se retrouve ce soir pour expérimenter à 18H30 ⬇️

Je ne vous garantis pas une séance anti insomnie mais vous en aurez quelques ingrédients! 😴

• le cours en ligne:

  • vous recevrez un mail 15 minutes avant la séance: vérifiez vos SPAMS

  • Si vous avez un empêchement je vous envoie le replay

  • Si vous êtes abonné-e à l'application "le yoga enchanté" la séance est mise en ligne dès le lendemain

Je vous invite à réserver vos cours à l’avance pour assurer votre place

Voici le bon lien (cette fois-ci! 😉) pour vous inscrire et réserver vos séances sur la nouvelle plateforme :

Vous pouvez aussi passer par le site internet :

Il est également possible de télécharger l’application Bsport :

J’ai une bonne nouvelle pour vous si vous venez aux cours en présentiel. Vous avez certainement rearqué que vous ne pouviez pas annuler une séance moins de 12 heures avant le début du cours, le crédit vous étant décompté. Il en a résulté que vous m’avez prévenue (et je vous en remercie), ce qui m’a amenée à annuler la réservation à votre place. Je suis revenue au délai de 6 heures : moins de 6 heures avant le cours vous ne pourrez plus annuler et le crédit vous sera décompté. Je vous remercie de me prévenir dans ce cas de figure car par le phénomène des séries, je peux être amenée à annuler un cours si les inscrits sont trop peu nombreux. Je vais quand même faire une demande d’amélioration à Bsport pour que vous soyez autonome pour annuler votre cours jusqu’au dernier moment.

On se retrouve avec plaisir sur le tapis

Namasté

Isabelle

PS: Si vous êtes pratiquant de yoga Iyengar® et que vous n’avez pas encore adhéré à l’AFYI, l’Association Française de Yoga Iyengar, je vous invite à le faire. Il n’est pas trop tard!