Bien chère yogini et bien cher yogi,
Avec ces deux jours fériés d’affilée et l’envolée de bons nombres d’entre vous, je me trouve un peu sotte devant mon ordinateur à vous écrire. Qu’est-ce qui ne vas pas chez moi? Par moments je me pose la question.
J’aimerais que nos scientifiques du futur inventent un logiciel qui traduise les pensées en écriture. Comme je vous écris par la pensée, la newsletter serait d’office écrite! Je crois que c’est ce dialogue intérieur avec vous qui me pousse derrière mon écran. Sinon, ce serait de l’activité cérébrale gâchée 😁.
Au passage, il y a un autre truc qui ne va pas chez moi et qui n’est pas yogique: j’ai l’impression que je m’attache à mes cours, ou bien aussi aux ambiances de certaines séances ou stages. Par exemple, l’univers de la pratique tactile autour de Maricyasana 3 a été pour moi très difficile à quitter. D’ailleurs je ne l’ai pas fait complètement. Il en restera toujours des réminiscences. Le fil conducteur de la semaine mériterait d’être étendu sur le mois. Peut-être jusqu’à atteindre un point de saturation. Entre point de saturation et point de frustration, il faut choisir!
On retrouve dans les 5 klesas (les afflictions ou causes de souffrance que nous visons à éradiquer au travers de nos pratiques), Raga, aussi traduit par désir ou attachement, en 3ème position (Sutra II-3) . Et si on fait un petit saut vers la case Yama qui nous aiguille sur des règles de bonne conduite éthique, on retrouve Aparigraha, que l’on peut traduire par non attachement. Toutefois, ce terme est le plus souvent entendu sous l’angle des possessions sur le plan matériel, ce qui est plutôt hors sujet ici. Ou bien la traduction classique se révèle trop étroite (Sutra II-30 qui énonce les Yama).
Parfois, mon esprit de juriste ressort: face à des textes (les fameux codes dont les articles sont comme des sutras d’un autre genre), j’aime la contorsion et les rebonds entre plusieurs articles/sutras pour délivrer une interprétation qui ferait sens, un autre sens. C’est finalement ce qui me plaisait dans mon métier: de la structure, un cadre, un ancrage ancestral, avec au final la liberté de jouer avec des interprétations en diagonale, des liens improbables pour ne pas se laisser enfermer. Finalement, du code civil aux yoga sutras, il n’y a qu’un pas! 😁
Pour être tout à fait honnête, l’attachement en question pour ces séances impactantes (déjà pour moi car je les expérimente bien sûr), s’apparente davantage à Santosa, le contentement, la satisfaction, le deuxième des Niyama (les règles de conduite individuelles). Et là, c’est beaucoup mieux, dirons nous plus acceptable (Sutra II-32 qui liste les Niyama).
Mais c’est à ce moment là, que s’agite dans ma tête la petite sonnette de la Bhagavad Gîtâ dont le verset 9 du chapitre 18 devrait être présent dans nos esprits en permanence car il s’agit bien là d’une règle yogique philosophique fondamentale:
« Mais celui qui, parce qu'il faut le faire, sans attachement ni à l'action ni au fruit de l'action, accomplit le devoir prescrit, on dit que son renoncement relève de la vertu”
En résumé, pour tout ce que nous accomplissons, nous devons être attachés à l’action, pas au résultat, aux fruits de nos actions.
Par conséquent, je ne dois pas “m’attacher au bon résultat” mais n’être concernée que par l’action elle-même. En effet, si je m’attache aux résultats, aux bons feedbacks, je nourris Asmita, le sens du Je, l’égo. Et là, nous voilà repartis dans les Klesas, Asmita étant positionnée en 2ème position des 5 Klesas (la première étant Avidya, l’ignorance, notre thème de l’année).
J’espère que vous me suivez dans ces divagations qui auront permis quelques petites révisions, certes simplistes et superficielles (je m’en excuse).
Là où Santosa se poursuit, c’est que le travail de la semaine s’est avéré tout aussi intéressant et important (de mon point de vue 😏), que la pratique tactile. Pour vous mettre au diapason, en voici les grandes lignes.
Les 4 segments de la colonne vertébrale
Guruji évoquait ces 4 segments dans le cadre des extensions arrière (Purva Pratana Kriya = l’action de la flexion arrière). Les voici:
Le sacrum
La zone lombaire
La colonne dorsale
La colonne cervicale
Ce n’est évidemment pas l’objet du travail de cette semaine consacré aux flexions avant.
Ce qui a fait “tilt” pour moi, c’est la décomposition de ces 4 parties en 2:
Les zones par nature convexes plutôt raides (le sacrum et la zone dorsale/omoplates)
Les zones par nature concave, plutôt souples (la zone lombaire et la colonne cervicale)
Les hyperlaxes auront tendance à trop creuser les zones ultrasouples. Le plus souvent, même pour des personnes “normales”, il y a un phénomène de compensation qui intervient: on creuse trop les zones flexibles (bande médiane du dos et nuque) pour compenser les zones raides (sacrum et haut du dos).
Il m’est apparu intéressant en Dandasana de passer en revue ces 4 segments de manière à “neutraliser” la colonne vertébrale”.
J’entends par là:
absorber le sacrum (pur cela il peut être nécessaire d’ajouter de la hauteur sous les fessiers)
remplir la zone médiane du dos en laissant le nombril reculer sur l’expiration (cela apporte une douceur incomparable à cette posture de bâton qui évoque plutôt la rigidité)
rentrer la colonne dorsale et les omoplates par le jeu des épaules et des bras
bien étirer les 2 bords de nuque en prenant soin de garder la tête verticale avec le léger enroulement du cerveau
Et ça change tout! Une tranquillité naturelle s’installe. L’état mental se modifie. La posture de Dandasana, le bâton, se révèle ni raide ni rigide, comme on pourrait à tort l’interpréter (certes, vu de l’extérieur la géométrie de la posture est droite et angulaire). Il faut voir dans Dandasana le fait d’être ancré et posé. Pour toutes celles et ceux qui questionnent la pratique basée sur l’alignement, comme si cela relevait d’un maniérisme yogique obsessionnel, cette expérience devrait les aider à reconsidérer leur croyance. Car finalement, la quête est commune à tous les pratiquants: se sentir à la fois bien dans son corps et dans son mental. En fait, le bien-être et la connexion à soi doivent s’exprimer dans chacune des 5 Koshas, les enveloppes de l’être.
Cela suppose d’”être”, dans la posture, ce qui est, selon B.K.S Iyengar, l’essence du mot asana.
Upavistha konasana
Upavistha signifie « assis » et Kona signifie « angle » .
En résumé Upavistha Konasana désigne une posture assise qui étire l’intérieur des cuisses et l’arrière des jambes, libère les aines, renforce la colonne vertébrale et stimule les organes abdominaux.
Voilà assurément un grand écart (sans jeu de mot) par rapport au concept de la pratique tactile en corps à corps. Quel lien peut-il y avoir entre Maricyasana 3, la torsion fermée, et cette posture assise de grande ouverture du bassin?
Sauca! La pureté, la purification (le thème de l’année 2023 qui ne nous quitte pas).
Certes, la torsion mettait en évidence, sans ambiguïté, l’essorage et notamment l’activation de la compression du bas ventre.
Dans le cas de Upavistha Konasana, les organes du bas-ventre sont fortement irrigués. Cette posture est très bénéfique pour les femmes, pendant les lunes, la grossesse (avec précaution), la ménopause. Elle active les organes de reproduction et d’excrétion. Elle contribue à la bonne santé du système urinaire.
Ces bienfaits supposent de pouvoir rester au minimum une minute dans la posture, idéalement 5, et même plus.
Dans un monde idéal on est assis au sol, ce qui permet d’avoir l’arrière des jambes imprimé dans le sol. Les sensations sont différentes si on doit s’asseoir sur de la hauteur (parce que le sacrum sort ou que les jambes se plient). Cela fait partie des “négociations” yogiques et du jeu des priorités: que faut-il privilégier pour conserver la géométrie de la posture et son essence? On ne sacrifie jamais la qualité de l’assise, le dos du Dandasana doit être conservé ainsi que l’angle droit entre le buste et les jambes.
Guruji qualifiait Upavistha Konasana et Baddha Konasana de bienfaits pour l’humanité car elles allègent notre servitude aux pulsions de colère (Krodha) et de désirs (Kama) dont le siège se trouve dans ces organes. Elles restreignent également les tendance mentales d’avidité (Lobha), de jalousie (Irsha), de haine (Dvesa) et de malice (Matsarya) qui se trouvent canalisées dans de bonnes directions.
Par nos temps troublés, ne pourrait on rêver mieux que de s’asseoir 5 minutes par jour en Upavistha Konasana pour faire rayonner la paix dans le monde?
Beaucoup de pratiquants engagés et d’enseignants se voient critiqués par leur entourage qui considère leurs heures de tapis comme un passe temps égoïste uniquement centré sur soi, autant d’heures volées pour eux (où se situe la réaction égoïste?). C’est ignorer cette dimension de pratique pour le bien de l’humanité. En développant nos qualités de compassion, nous pouvons espérer contribuer à la pacification des relations humaines. C’est pourquoi dans mes Sankalpa (mon intention de début de séance courte, positive et réaliste), figure toujours “je rayonne”, non pas pour des fins égotiques mais dans cet esprit d’étendre les “good vibes”. 💖
Une posture aux multiples déclinaisons
Upavistha Konasana est une merveilleuse posture qui se décline en “Adho Mukha” (vers l’avant), Parsva (sur le côté), Parivrtta (retourné) et en variation dans les inversées.
La difficulté consiste à écarter largement les jambes ou bien à restreindre l’écartement pour ceux et celles pour lesquels l’ouverture vient facilement. Il existe de nombreuses consignes de sécurité pour éviter le sur étirement de la face interne des jambes.
Assurément, cette posture doit être apprivoisée et mérite d’être répétée. Elle fait partie du top 3 des postures enseignées par Abhijata (d’après mon observation).
Il faut aussi la considérer comme un passage vers ses variantes pour lesquelles on retrouvera l’aspect tactile (dans la version avancée complète).
On se retrouve ce soir pour expérimenter à 18H30 ⬇️
Et quand on complète avec Supta Baddha Konasana on ressort avec l’impression d’avoir eu un lifting! Comme si le bain de l’abdomen venait irriguer tout le visage. Wonderful!
Pour le cours en ligne:
vous recevrez un mail de Fitogram 15 minutes avant la séance: vérifiez vos SPAMS
Mot de passe : holiways06
Si vous avez un empêchement je vous envoie le replay
Si vous êtes abonné-e à l'application "le yoga enchanté" la séance est mise en ligne dès le lendemain
Et les autres jours?
J’ai mis à jour le planning jusqu’au 12 juillet. Le planning est susceptible d’être aménagé entre le 5 et le 6 juillet.
N’oubliez pas de réserver vos cours d’ici là!
Quelques places pour le stage du dimanche 26 mai à Mouans Sartoux
Nous avons augmenté le nombre de participants pour le stage du dimanche 26 mai de 9H30 à 12H30 à l’Atelier de yoga à Mouans Sartoux. .
En conclusion, je me demande bien qui aura envie de lire ma newsletter en ces jolis jours de mai et de ponts, alors qu’il est convenu de ne pas travailler et de “profiter”. Je me rassure en me disant que j’applique vraiment le sutra 18-9 de la Bhagavad Gîtâ . Je vous écris sans m’attacher au taux d’ouverture et de lecture . Ouf, l’honneur (yogique) est sauf! 😂
A très vite sur le tapis je l’espère!
Namasté
Isabelle
PS: Je travaille activement avec l’agence sur le programme Kérala-Ayurvéda-Yoga 2025. Si nos récits, photos et vidéos vous ont mis l’eau à la bouche et que vous êtes sérieusement intéressé-e pour recevoir le programme en priorité, faites le moi savoir sans tarder. Le voyage aura lieu du 5 au 20 avril 2025. Au centre Madukkakuzhy on se sent chouchouté comme jamais dans un décor naturel de rêve, alors l’envie de partager à nouveau est grande! Et la pratique quotidienne du yoga pendant deux semaines pourrait bien aussi transformer votre relation avec votre pratique
PS: Si vous vous êtes déjà manifesté-e, pas d’inquiétude vous êtes bien sur ma liste! J’enverrai le programme en priorité aux “récidivistes” (ceux et celles qui sont venu-es en 2023 et 2024), ensuite le reste de ma liste et enfin une diffusion large à vous mes chers abonnés à ma newsletter