Bien chère yogini, bien cher yogi,
J’espère sincèrement que vous avez passé un bel été. Nous voici à la rentrée et j’espère que cela n’exerce pas trop de pression pour vous.
J’ai envie de vous partager mon sujet d’approfondissement de l’été. Ou plus exactement du mois d’août, après les stages. Vous vous dites certainement « mais elle n’arrête jamais ! ». En toute sincérité, j’ignore complètement ce qui m’a poussée vers ce sujet. Une inspiration subite et impérieuse, sortie de nulle part, et me voici. J’en suis la première surprise. En tous cas, elle fait avancer et j’espère que vous emboiterez le pas aussi. Voici de nouvelles perspectives pour votre année yogique personnelle.
Surya Namaskar: la salutation au soleil 🌄
Surya Namaskar (au passage j’adore la sonorité: j’entends le “sourire” de Surya et le son grave de Namaskar me pose et me centre comme si le son finissait dans le cœur).
Pour clarifier, Surya Namaskar est une pratique dynamique de postures immuables enchaînées avec le souffle.
Cela vous surprend certainement que j’aborde ce sujet car Surya Namaskar n’est pas sur le devant de la scène en yoga Iyengar®. Et pourquoi ça?
La salutation au soleil est introduite en 3ème année, lorsque les postures qui la composent sont bien connues avec une maîtrise de la coordination du souffle et du mouvement. Je précise au passage que la 3ème année, ne signifie pas forcément 3 ans de pratique 😉. Ce n‘est pas comme à l’école où il est entendu que d’une année sur l’autre on progresse dans la classe supérieure, le doublement étant l’exception. Chez nous, c’est plutôt l’inverse.
Mon expérience passée en Surya Namaskar
Quasi nulle! Je ne me souviens pas l’avoir pratiquée dans mes cours Iyengar® parisiens, mais peut-être n’étais je pas présente le bon jour au bon cours. C’est possible. Je ne me souviens pas non plus de l’avoir pratiquée avec Patricia Walden, éminente enseignante de Yoga Iyengar® à Boston lors de mes années américaines. Pas plus chez Christian Pisano. Elle n’a jamais figuré aux programmes de conventions nationales ou enseignants auxquelles j’ai participé. En revanche, naturellement, toutes les postures de la séquence Surya Namaskar sont pratiquées, parfois partiellement enchaînées (par deux ou trois).
Mon seul souvenir, cuisant, c’est avec Faeq Biria, mon maître, lors des intensifs de Blacons. C’était l’été, il faisait chaud. Il nous menait un train d’enfer. Ça le faisait rire. Il se régalait à nous chauffer au fer rouge. La vérité? J’ai détesté cette pratique que je qualifiais intérieurement de sauvage. Le passage autour de Caturanga Dandasana (la pompe yogique) était inaccessible pour moi, pour mes épaules, tout du moins dans la répétition. En fait, ce n’est pas que je n’aimais pas Surya Namaskar (vous savez que le “j’aime/je n’aime pas” est hors sujet en yoga). En réalité je ressentais qu’il s’agissait d’une pratique trop violente pour moi, trop rapide. Toxique.
Etre secouée comme une bouteille d'Orangina ne me convenait pas. Aujourd’hui je sais pourquoi
Quelle synchronicité, Abhijata Iyengar dans son cours intermédiaire du 27 août a fait pratiquer ce qu’elle a appelé les “jumpings”. C’était Surya Namaskar (mais pas seulement, elle a considérablement enrichi les enchaînements dans une autre série dirons nous moins classique). Elle a commencé par annoncer que ceux qui ne faisaient pas les “jumpings” devaient se placer derrière les colonnes. Entre nous, je ne connais personne d’autre qu’Abhijata qui peut, à la fois, guider les Surya Namaskar à un large groupe, instruire d’autres postures pour ceux qui ne les font pas et encore une autre série de postures pour les femmes indisposées. Et entre deux, des précisions pour les élèves en ligne dont certains posent des questions dans le Chat! Quelle maestria! Ceci dit, ses Surya Namaskar ont été introduits progressivement. Elle n’a pas manqué de proposer une alternative à certains moments pour ceux qui ne pouvaient plus suivre. Elle a même fait placer un bolster vertical au sol pour ceux qui ne pouvaient pas passer de Urdhva Hastasana en Caturanga Dandasana directement de manière classique.
Retenons que dans la méthode Iyengar®:
L’approche est progressive: on apprend et on pratique les Surya Namaskar étape par étape à partir de la 3ème année (système français avec les niveaux 1-2-3-4) ou en cours intermédiaire (comme à Pune avec les cours débutants- intermédiaires- avancés).
Les postures doivent être maîtrisées: Abhijata a précisé qu’en cours débutant , (en Inde parce qu’en France je n’a jamais vu Surya Namaskar enseigné en cours débutant), on fait juste faire les postures pour que les élèves se mettent en mouvement. A partir du cours intermédiaire, l’impact sur le système nerveux avec la profondeur de la pratique est toute autre.
Certains pratiquants doivent s’abstenir pour tenir compte de leur condition du moment et pathologies diverses: maux de genoux, de dos, d’épaules, de chevilles etc.
Les Surya Namaskar ne font pas partie d’un rituel de cours comme dans d’autres méthodes de yoga (Ashtanga, Sivananda)
Il est vrai que les cours de yoga Iyengar® mettent davantage l’accent sur la pratique des postures de manière à la fois statique et dynamique. Les enchaînements ou vinyasa, sont moins présents dans notre méthode d’enseignement. C’est certainement ce qui m’a manqué, cette capacité à créer de la fluidité d’une posture à une autre, c’est-à-dire à mettre de l’eau dans une pratique majoritairement Terre, Air et Feu. Moi aussi, j’ai envie de glisser avec harmonie et grâce d’une posture à l’autre 💃. Mais je n’ai jamais trouvé ma place dans les Surya Namaskar. Je sais pourtant qu’il s’agit d’une pratique ancestrale et traditionnelle. J’ai mis cela de côté pendant longtemps. Je ne sais pas pourquoi, Surya Namaskar est venu me titiller et me challenger pendant ces vacances d’été. J’ai donc décidé d’en faire mon sujet d’exploration. J’ai immédiatement alimenté ma nouvelle Kindle (un cadeau d’anniversaire de fin juillet 🌞, si commode quand on voyage: j’adore!) avec deux ouvrages traitant exclusivement de Surya Namaskar de manière traditionnelle. Cela m’a bien tenue en haleine, bien mieux que les meilleurs ouvrages d’été ou de vacances.
Mon expérimentation de Surya Namaskar
Le premier livre est une version assez courte, en anglais, qui fait état de 10 postures.
Naturellement, en même temps que je lisais, j’ai eu envie d’expérimenter cette technique le matin, de bonne heure, à la mode yogi 😉. Il s’avère que j’ai ressenti à nouveau un inconfort dans l’enchaînement, au bout de quelques jours (douleur dans une épaule) . Deux postures en cause je pense, l’une qui n’est pas vraiment, même pas du tout, Chaturanga Dandasana, mais une version avec huit points du corps posés au sol, c’est-à-dire les 2 pieds (les orteils), les deux genoux, les mains, la poitrine et le front. Donc ça fait comme une vague avec les fessiers vers le haut et ensuite on monte en Urdhva Mukha Svanasana (le chien tête en haut), pour repartir en Adho Mukha Svanasana (le chien tête en bas).
C’est là que j’ai mesuré combien le fait d’enchaîner des postures de manière répétée sur une certaine durée présente intrinsèquement des points de difficulté pouvant entraîner des douleurs articulaires.
Mon côté Pitta a certainement doublé mon Vata 😁parce que j’ai enchaîné les postures à un rythme assez soutenu pendant 25 minutes d’affilée (25 minutes de Surya Namaskar + 5 minutes de Savasana). Si on a des doutes sur l’impact cardio des salutations au soleil, ceux-ci sont très vite levés ! Au bout de quelques jours, j’ai ressenti une certaine oppression comme après un effort trop intense quand on ne parvient pas à retrouver son rythme cardiaque normal. Il faut dire que j’étais à 2500 mètres d’altitude, cela a peut-être joué. Mais c’était le signe que j’y allais trop vite et trop fort dans ma pratique quotidienne pour un démarrage. J’ai trop fait confiance à mon aisance et connaissance de ces postures.
A ce stade, je me suis dit que Surya Namaskar, décidément, ne me convenait pas 🤔. Toutefois, une petite voix intérieure m’a poussée à poursuivre mon étude avec un deuxième ouvrage, très complet et reconnu sur le sujet, consacré à la salutation au soleil traditionnelle.
Cette version comporte 12 postures, en fait moins, car 5 d’entre elles sont en répétition en mode aller et retour. Et là, agréable découverte : Urdhva Mukha Svanasana (le chien tête en haut = une posture hors sol mis à part les orteils et les mains) est remplacée par Bhujangasana, le cobra, C’est plus doux et plus ancré, aussi bien à l’entrée qu’à la sortie de la posture. Evidemment, je n’ai pas attendu la fin de ma lecture pour me mettre sur le tapis et intégrer cette version de Surya Namaskar appelée la série de Rishikesh tous les matins. Et aujourd’hui je continue!
Ce qui est différent par rapport à la pratique de Surya Namaskar en Yoga Iyengar®
Je vous fais ici un très court résumé qui n’est peut-être même pas exhaustif. J’espère au moins que c’est juste au vu de ma petite expérience.
Urdhva Hastasana est en mode extension arrière alors qu’en yoga Iyengar® on reste en position verticale
Pas de jumping! On ne saute pas pour passer d’une posture à une autre
Anjaneyasana remplace le saut pour aller en Adho Mukha Svanasana (depuis Uttanasana, on lance une jambe en arrière: on est en fente avec la jambe avant en regardant vers le haut ). Je ressens un bienfait incroyable sur le plan abdominal et des plis des aines. Nul doute que le système lymphatique est activé. De plus, c’est excellent pour la flexion des chevilles. Beaucoup plus efficace selon moi que la version sautée Uttanasana-Adho Mukha Svanasana
Bhujangasana est l’extension arrière principale au lieu de Urdhva Mukha Svanasana. En Bhujangasana l’idée est de monter au départ sans la force des bras pour développer et travailler les muscles profonds du dos. On finalise avec les bras bien sûr pour la posture complète mais aussi pour amorcer la sortie et le retour en Adho Mukha Svanasana. Là aussi, c’est plus efficace selon moi pour les muscles du dos, ainsi que pour le travail abdominal et sacré, même si je le reconnais, chaque posture comporte ses bienfaits en propre. Ce que je vous en dis correspond à mon ressenti de pratique.
Ashtanga Namaskara remplace Caturanga Dandasana (vous savez, la posture qui ressemble à une pompe yogique, le corps en planche au dessus du sol, les bras pliés). Ashtanga Namaskarasana est la posture en 8 points de contact au sol citée plus haut. Je m’y suis faite! Ce n’est pas une version dégradée de Caturanga Dandasana mais en réalité la posture la plus importante de la séquence pour les chercheurs spirituels car elle exprime la soumission au divin par cette prosternation complète. L’exécuter dans cet esprit d’hommage change tout!
Quatre niveaux d’apprentissage
Ce qui m’a beaucoup plu, c’est l’aspect progressif et pédagogique de l’apprentissage de Surya Namaskar. Pour le coup, cela fait bien écho avec notre méthode pédagogique et progressive. En effet, il n’est pas question de se lancer immédiatement dans les enchaînements assez rapides. La méthode préconisée met en avant quatre niveaux d’apprentissage ou de pratique de Surya Namaskar.
1er niveau d’apprentissage: pratique lente en vigilance sur les aspects posturaux
Il s’agit d’intégrer chaque posture et de rester dans chacune environ trois ou quatre respirations en faisant le tour complet de la position et en corrigeant tout problème avant de passer à la posture suivante.
Cette manière de procéder valide l’approche du yoga Iyengar® qui implique de maîtriser les postures avant de pouvoir les enchaîner de manière sécuritaire. D’un autre côté, cela rend douteux (j’ose le dire) l’approche assez classique de certaines écoles de Yoga qui immergent immédiatement les pratiquants dans une séquence dynamique, quel que soit leur niveau, expérience et constitution. Mais je sais aussi que certains enseignants vigilants insistent sur l’alignement proposent des adaptations.
Dans cette première phase d’apprentissage les extensions sont lentes et réfléchies avec toutes les adaptations nécessaires.
Je fais au moins un cycle complet de cette manière. Un cycle complet = deux cycles simples. Un cycle simple s’entend avec une jambe pliée en anjaneyasana, la même à l’aller au retour. Pour faire un cycle complet on change de jambe. Cela nourrit mon Vata qui a besoin d’ancrage et de respirations profondes. En cas de douleur un peu suspecte, cette phase est idéale pour observer et apporter des modifications subtiles.
2ème niveau d’apprentissage: augmentation du nombre de cycles et de la vitesse
Naturellement, on accélère progressivement et on prend son temps, le temps nécessaire pour que le cœur et les poumons s’adaptent et deviennent plus résistants. Les mouvements se font plus rapidement parce que chacun s’inscrit sur une respiration: inspiration ou expiration.
Dans ce deuxième niveau d’apprentissage, beaucoup de conscience et d’exploration de la respiration sont nécessaires. Il est important de maîtriser Ujjayi Pranayama, c’est-à-dire des inspirations et des expirations longues, lentes et profondes.
Il s’agit d’une approche très pranayamique. La différence, concernant l’observation du souffle et de son impact sur le corps, c’est que le corps cette fois-ci est en mouvement. L’observation porte donc sur l’impact du mouvement sur la respiration et de l’impact de la respiration sur le corps en mouvement.
Dans cette phase, on est appelés à sentir le trajet du souffle et sa destination. Selon mon expérience, j’ajouterais que cette deuxième phase est le véritable apprentissage de la fluidité dans l’enchaînement des postures. De mon point de vue, on doit rester dans cette étape aussi longtemps que nécessaire, jusqu’à ce que l’on ressente de l’aisance, de la légèreté, tout en augmentant le nombre de cycles. Je pense personnellement devoir rester dans cette phase longtemps. C’est aussi une façon prudente de me réserver le plaisir de m’initier au troisième niveau.
Chaque expiration et expiration est suivie d’un léger temps de suspension de souffle ou Kumbhaka.
3ème niveau d’apprentissage: les mantras!
C’est certainement celui qui me touchera le plus car c’est à ce niveau que la pratique pénètre dans le domaine spirituel.
On arrive au troisième niveau lorsqu’on se sent à l’aise pour réaliser les 12 postures de manière fluide et sans beaucoup d’effort, de telle sorte que l’attention consciente puisse porter sur les mantras. Et là, je pense que Surya Namaskar doit représenter un espace de totale plénitude et profondeur. Je ne vais pas entrer ici dans beaucoup de détails. Simplement, il existe 12 Surya Mantra ou mantra solaires et 6 Bija Mantra ou mantra racines ou semences.
Les mantra peuvent être répétés à voix haute ou bien chuchotés ou bien encore répétés mentalement. Selon la rapidité de la pratique, on peut répéter ces mantra avant chaque cycle simple ou avant chaque asana de la séquence.
Dans ce troisième niveau, on fixe également l’esprit sur les différents centres spirituels, les chakras. En effet, chaque position active plus particulièrement un chakra. Personnellement, le sachant, j’ai introduit cette prise de conscience des chakras pour chaque asana dans le deuxième niveau.
J’ai oublié de vous dire aussi que l’endroit où l’on pose son regard est très important dans la salutation au soleil. Et la direction du regard est aussi en lien avec le chakra activé. Par exemple, en Adho Mukha Svanasana, on regarde le nombril et on rapproche le menton du sternum, ce qui active le chakra de la gorge, Vishuddi.
4 ème niveau d’apprentissage: kriya et principes aérobiques
Voici le niveau où je n’irai jamais tout simplement parce qu’il ne convient pas à ma constitution Vata.
Ce quatrième niveau est naturellement le plus avancé. Il exige beaucoup d’entraînement et de préparation.
Il suppose d’être en capacité d’exécuter chaque cycle simple entre sept seconde et demie et huit secondes pour une moyenne d’environ 40 cycles simples en cinq minutes!
On entre là dans des principes aérobiques. Il y a également décrochage du souffle et du mouvement car les mouvements sont plus rapides que le rythme de recharge en souffle et en oxygène. Dans ce quatrième niveau, un cycle simple s’exécute en deux ou trois respirations au lieu des six respirations des seconds et troisièmes niveaux de pratique. Au niveau quatre, on n’utilise donc pas Ujjayi Pranayama. On doit s’assurer que la respiration reste libre et fluide. Il n’y a pas, non plus, de courte pause ou de suspension après chaque asana comme on l’a aux niveaux deux et trois. Il y a également quelques petites modifications dans l’exécution de certaines postures du fait de la rapidité, mais je ne m’étends pas davantage.
Cette pratique de niveau quatre possède les caractéristiques d’un Kriya très profond, c’est-à-dire que cela devient un procédé de purification aux propriété antitoxiques très puissant.
L’approche Ayurvédique de Surya Namaskar
Dans mon étude, ce qui m’a vraiment éclairée, c’est l’approche ayurvédique. En effet, Surya Namaskar doit être réalisé de manière différente selon notre constitution. Enfin, j’avais la réponse face à mon inconfort initial!
Pour les Vata (Air + Ether), il faut pratiquer lentement et posément, avec un bon sens du rythme, et en l’accompagnant de la respiration Ujjayi pour équilibrer les aspects air et espace de Vata. De cette manière, un cycle complet, c’est-à-dire deux cycles simples, prendra peut-être 60 secondes et même plus. Parfois, un cycle simple peut même durer 60 secondes. Il est important que l’attention se porte sur Ujjayi Pranayama et sur la réalisation lente unie et posée du vinyasa, dans lequel on sent se former une vague intérieure de mouvement.
Pour les Pitta (Feu + Eau), la respiration doit rester facile et libre. Il est moins utile de porter beaucoup d’attention à la respiration. Les mouvements devront être réalisés avec enthousiasme, rapidité et vigueur pour générer de la chaleur corporelle. Pour Pitta, la vitesse recommandée est la plus élevée parmi les trois méthodes. D’ailleurs, le niveau quatre concerne particulièrement les Pitta.
Les constitution Kapha (Terre + Eau) devront accorder beaucoup d’importance aux aspects physiques et vigueur du corps pour augmenter sa force et sa purification. Pendant la pratique, il s’agira de se concentrer sur la force mobilisée dans chaque posture et sur l’accumulation de cette force. La durée de chaque cycle complet est la plus longue des trois méthodes. Le Kapha devra aussi allonger davantage ses expirations, ce qui aidera à lutter contre la léthargie, voire la tristesse.
De cela je conclus que Surya Namaskar est une pratique personnelle, intime: à chacun son rythme
Un petit tour chez nos ancêtres
Surya Namaskar nous amène vers le yoga Ashtanga dont le “père” est Patthabi Jois qui a été le disciple de Sri Tirumalai Krishnamacharya pendant de nombreuses années, principalement entre 1932 et 1953 .
Krishnamacharya a étudié l’Ayurvéda en Inde du Sud. En 1924, il a aidé le Maharaja de Mysore à soigner ses nombreux maux. Tellement impressionné, le Maharaja l’a invité à enseigner à la famille royale et lui a offert une aile d’un palais voisin pour enseigner le Yoga. Krishnamacharya devient le conseiller de confiance du Maharaja. Il est autant recherché comme instructeur que comme guérisseur de yoga. Cela ne ressemble t-il pas à un compte de fée?
A un moment donné j’ai un peu vacillé (à peine 😉), avec une pointe de culpabilité par rapport à l’enseignement postural traditionnel Iyengar® tel qu’il est connu aujourd’hui en occident, lorsque j’ai ouvertement introduit les préceptes de l’Ayurvéda. Cela me réconforte beaucoup de connaître l’histoire de Krishnamacharya. Cela m’indique que mon instinct me met sur la bonne voie du yoga ayurvédique individualisé, même si nous sommes dans le cadre d’un cours collectif.
Les étudiants de Krishnamacharya de l’époque étaient des garçons dynamiques (sauf B.K.S Iyengar malingre et faible) ce qui l’a conduit à développer un modèle rigoureux de yoga destiné à construire force et vigueur. Je précise que Krishnamacharya a lui-même reçu l’enseignement de son père. Sa vie est vraiment intéressante et passionnante. C’était un grand érudit.
J’aime bien cette photo qui incarne la force et la stabilité yogique:
Et le voici à 100 ans:
Krishnamacharya fut également le guru et beau-frère de B.K.S Iyengar (marié à sa sœur aînée). Il lui a enseigné les rudiments du yoga alors qu’il avait 16 ans, pour améliorer sa santé. Réputé extrêmement sévère, croyez le ou non, il lui a dit qu’il n’était pas fait pour cet art! C’est ainsi que notre maître a pris son indépendance en devenant son propre maître et élève.
Ces deux grands maîtres, Patthabi Jois et B.K.S Iyengar, ont donc appris un yoga dynamique pendant leur adolescence auprès du même guru! Il est incroyable que cela se soit transformé en deux écoles d’un genre très différent mais toutes les deux puissantes et reconnues dans le monde entier. Observez s’il vous plaît ces deux grands Maîtres de yoga, cousins ou frères comme vous voudrez, car initiés par le même guru. Ils ont réellement contribué à changer le monde, tout du moins de ceux qui pratiquent!
Mais celui qui a suivi le plus longtemps les enseignements de Krishnamacharya, n’est autre que son fils, TKV Desikachar, à l’origine d’un courant de Hatha Yoga: le Viniyoga. Ce n’est pas un hasard, car au début des années 1900, son père utilise le terme Viniyoga pour faire référence à l’adaptation des pratiques yogiques à chaque individu.
Ce n’est donc pas un hasard non plus si le yoga Iyengar® permet autant d’adaptations avec les différents supports, en transmettant un yoga inclusif, sécuritaire et sécurisant. On sait d’où vient la graine du yoga individualisé!
D’ailleurs on retrouve des similitudes entre l’enseignement de B.K.S Iyengar et celui de TKV Desikashar, par exemple:
une recherche de progression dans la posture :
la répétition des postures avec une synchronisation du souffle
le maintien des postures dans une phase statique
une recherche de progression dans la séance
le support des Yoga Sutras de Patanjali qui définit la pratique du yoga de l’action au travers de Tapas (l’effort soutenu), Svadhaya (l’étude et la conscience du Soi), et lshvara Pranidhana (l’abandon au Divin) (Sutra II-1)
J’ai appris aussi que le premier livre écrit par T Krishnamacharya portait sur les secrets et les nuances des Mantra. Ne le cherchez pas, il a été perdu! En tous cas, cela me réconforte d’avoir abordé les mantras pendent les stages d’été.
Vous savez qu’à l’origine, le yoga est une affaire d’hommes. Alors qu’aujourd’hui, si vous faites le tour des écoles et des classes de yoga, c’est devenu majoritairement une pratique féminine. Messieurs, où êtes vous? Mon ressenti a toujours été que Surya Namaskar était chargé d’énergie solaire (évidemment!), masculine, correspondant au nadi Pingala, au système nerveux sympathique, à l’action, à l’effort. Même si, aujourd’hui, il est de bon ton de ne faire aucune distinction entre les hommes et les femmes, je précise que B.K.S. Iyengar a bien été le seul maître (à ma connaissance), qui s’est préoccupé des femmes et de leurs cycles en adaptant la pratique en conséquence. D’ailleurs, Christine qui est venue au cours bases mardi et qui a suivi une cure ayurvédique de 3 semaines en octobre dernier en Inde, m’a précisé que pendant qu’elle était indisposée, tout s’est arrêté: aucun soin et pas de yoga! Il ne lui restait que la marche et la méditation (ce qui n’est déjà pas si mal). L’Ayurvéda, la médecine traditionnelle indienne, prend donc bien en compte les spécificités féminines.
Puisque nous parlons des femmes, il nous faut rendre hommage à Indra Devi, une aristocrate russe exilée, qui a lutté pour devenir l’élève de T. Krishnamacharya. En 1937, aucune femme, et encore bien moins une étrangère, n’est autorisée à pratiquer le Yoga. Elle a ouvert son premier centre de yoga tout d’abord en Chine puis à Holliwood. On dit qu’elle fut la pionnière de l’enseignement du yoga aux femmes en occident. Son enseignement était essentiellement postural (asana et pranayama) et très peu philosophique et spirituel car elle pensait que ces aspects étaient l’apanage des gurus indiens. A l’inverse des 3 grands disciples de T. Krishnamacharya précités Indra Devi n’a pas laissé une empreinte avec un style ou un courant de yoga particulier. Elle a largement contribué à la diffusion du yoga dans le monde et c’est déjà énorme! 🙏
Les bienfaits de Surya Namaskar
Ils sont innombrables.
Sur le plan des émotions, Surya Namaskar active la partie inférieure du cerveau comme le thalamus et l’hypothalamus, responsables des émotions et qui règlent le système nerveux autonome et le système limbique. Les parties basses du cerveau contrôlent les émotions telles que la colère, la nervosité etc. Le bien-être général s’améliore, le regard sur la vie devient plus positif. Les syndromes dépressifs diminuent.
Sur le plan intellectuel (Buddhi), la pratique aiguise l’esprit et l’intellect.
Il a été établi que la pratique régulière de Surya Namaskar améliore la confiance en soi, diminue la colère , la nervosité et la fatigue.
Sur les plans physiques et physiologiques, Surya Namaskar améliore tous les systèmes du corps par la stimulation des organes internes. Il améliore les fonction gastro intestinales avec un effet incroyablement stimulant sur les colons prétendus paresseux. Surya Namaskar a la réputation de diminuer la tension artérielle par une meilleure circulation sanguine et oxygénation. Cette pratique renforce l’immunité en stimulant le système lymphatique.
Précisons que Surya Namaskar est considéré comme un Kriya, une technique de purification et de détoxification avec un effet de ralentissement du vieillissement. On y croit! 🤩
Je m’arrête là! La liste est longue.
Voici mes ressentis sur les impacts les plus visibles après maintenant presque un mois de pratique quotidienne de Surya Namaskar
Le transit. Je n’ai aucun souci de ce côté là mais il y a quand même un effet indéniable. Alors imaginez les bénéfices pour les personnes souffrant de constipation
La vitalité. Surya Namaskar m’a permis de traverser un décalage horaire de 8 heures, aller et retour s’en m’en rendre compte! Pour la première fois de ma vie je n’ai pas eu d’effet zombie. Je perçois plus de vitalité tout au long de la journée. Ce n’est pas pour rien que l’on dit que Surya Namaskar agit comme un générateur ou une pompe pranique
Le corps. Bien que cela ne soit certainement pas très visible de l’extérieur, je ressens que Surya Namaskar aide à sculpter le corps. Je pense aussi qu’il y a un impact sur la durée sur le poids, non pas tant grâce à la pratique physique (quoique) mais grâce à la régulation de tous les systèmes du corps (moins de stress, meilleur sommeil, régulation de l’appétit etc.)
La circulation lymphatique. Tous les matins je faisais la stimulation lymphatique express (vous l’avez sur le studio en ligne). A ma plus grande surprise, je n’ai plus ressenti le besoin de la faire. Nul doute que Surya Namaskar stimule le système lymphatique (mon dada!)
Le déverrouillage articulaire et assouplissement musculaire. Il est très clair que Surya Namaskar agit sur toutes les articulations et travaille la musculature superficielle et profonde. J’ai fait le test un jour en “sautant” la pratique. Et bien cela m’a beaucoup manqué. Si vous êtes au clair sur vos points de raideur (comme mes chevilles raides par exemple), nul doute que Surya Namaskar s’en occupe! Je vous précise que la pratique assouplit pour autant que vous ne fassiez pas de compromission (pas de jambes pliées en Uttanasana !). C’est toujours magique de voir l’évolution entre le premier cycle et le dernier cycle de Surya Namaskar.
L’humeur. bien que je ne sois pas trop instable, je perçois que Surya Namaskar “muscle” l’humeur en la canalisant mais aussi en renforçant l’affirmation de soi et la positivité
La concentration. Par la force des choses il faut compter les cycles sans se perdre. En plus, il y a beaucoup à observer. Cette vigilance d’un bout à l’autre “muscle” aussi la concentration
Et maintenant?
Vous savez que le graal pour un enseignant commence lorsque ses élèves adoptent une pratique personnelle autonome.
Voici les freins majeurs dont on me fait part
Le temps. Pour beaucoup d’entre vous qui vous sentez certainement surbookés, caser une pratique dans votre quotidien. Surya Namaskar présente une grande vertu: on peut calibrer la durée de pratique comme on veut.
Quoi faire. Se mettre sur le tapis est une chose, comment aboutir à une pratique équilibrée dans le temps imparti en est une autre. Avec Surya Namaskar il n’y a pas de question à se poser car la séquence est connue d’avance. Elle doit être impérativement suivie d’un Savasana. Personnellement je préconise: un temps de méditation ou de pranayama, les cycles de Surya Namaskar puis Savasana .
Je vous propose un atelier Surya Namaskar dimanche 15 septembre de 9H30 à 12H30
Le but sera d’étudier la série Rishikesh et de la pratiquer selon les deux premiers niveaux d’apprentissage. Nous terminerons par des inversées et postures de récupération. Nous aborderons les séquences selon votre constitution Ayurvédique pour le deuxième niveau d’apprentissage.
J’espère que cela vous mettra sur rail pour commencer dès lundi 16 au matin chez vous!
La posture du jour: Tadasana
1ère semaine de rentrée, nous allons commencer par nous poser avec une posture de base fondamentale. Ne croyez pas que vous ne ferez rien! Il en faut du temps et des années pour que Tadasana, la montagne, devienne une posture vibrante avec l’ensemble de vos cellules dansantes, imprégnées de l’énergie de la terre.
B.K.S Iyengar avait l’art de rendre la posture chargée de tellement de points d’action simultanés que cette posture de débutant (on la fait le 1er jour au 1er cours) en devenait une posture subtile et extrêmement avancée.
Je vous présente le magnifique dessin de l’artiste Zoa, inspiré de l’ambiance de l’aube au Kérala.
Avec mon commentaire
Cette posture vous connecte à la richesse éblouissante de la nature comme nulle autre. Sentez le tapis d’herbes vertes sous vos pieds et en dessous, les racines qui vous ancrent à la terre. Puisez votre vitalité à sa source pour vous élever et grandir en vous imprégnant de la solidité de la montagne. Ne dit-on pas fort comme un roc ? Au passage, connectez vous à la douceur de l’eau. Prenez un bain d’air, offrez votre peau à la légèreté de la brise. Fusionnez avec l’espace tout autour de vous. Ressentez l’état d’unité et de calme profond, Shanta. Laissez vos cellules rayonner comme autant de pépites. Bienvenue au royaume de la joie pure et divine.
Ce dessin sera bientôt mis en vente. Imaginez ce dessin su un de vos murs. Il devrait imprégner votre pièce de sa belle énergie calme et paisible. Si vous êtes intéressé-e faites moi signe car Zoa souhaiterait regrouper les commandes.
On se retrouve ce soir pour expérimenter à 18H30 ⬇️
Vous verrez je l’espère comment votre Tadasana évolue tout au long de la séance et combien il peut être difficile de “garder le Tadasana” dans les postures.
Pour le cours en ligne:
vous recevrez un mail de Fitogram 15 minutes avant la séance: vérifiez vos SPAMS
Mot de passe : holiways06
Si vous avez un empêchement je vous envoie le replay
Si vous êtes abonné-e à l'application "le yoga enchanté" la séance est mise en ligne dès le lendemain
Le prochain stage à Mouans Sartoux à l’Atelier de yoga aura lieu le dimanche 22 septembre de 9H30 à 12H 30. Vous devrez vous inscrire sur le site Momo Yoga et vous créer un compte sur ce site si c’est votre première fois
Et pour prendre de l’avance voici la possibilité de vous inscrire au suivant le dimanche 20 octobre de 9H30 à 12H30
Je vous remercie d’être arrivé-e au bout de cette longue newsletter. En fait, il y a eu une grosse interruption et Surya Namaskar est quand même un beau pavé. C’est promis, j’essaierai vraiment de faire plus court la prochaine fois. Aussi pour moi, dans un esprit d’allégement. Mais cette fois-ci c’était pour la bonne cause, pour lancer votre rentrée en vous donnant de nouvelles perspectives.
Namasté
Isabelle
PS: notez les dates des stages de l’année à Mouans Sartoux: 22/09 - 20/10 - 1/12 - 26/01 - 02/03 - 30/03 - 22/06. Ils sont en ligne sur le site de l’Atelier du Yoga