Mes bien chers yoginis et yogis,
Vous connaissez certainement ces paroles de BKS Iyengar:
« Mon corps est mon temple, les asanas sont mes prières »
Je connais cette phrase de longue date, je la comprends (intellectuellement), je la trouve belle et inspirante. Mais ce n’est que très récemment que j’ai véritablement ressenti sa signification ou tout du moins que j’ai faite mienne son interprétation.
Comme le dit Prashant Iyengar, “Dans Lumière sur le yoga, il faut regarder les postures au delà des postures”. Et alors que voyez-vous?
Comment abordez-vous votre pratique?
Nous avons tous notre façon de pratiquer (je ne parle pas ici de la façon d’exécuter les postures au sens précision posturale). Un des dangers de la méthode Iyengar®, j’ose le dire, réside dans le fait que certains pratiquants restent cantonnés dans une pratique hygiéniste (celle qui fait du bien physiquement et mentalement) centrée sur l’alignement et la progression posturale en tant qu’objectif . Vous me direz que ressentir les effets positifs de la pratique est déjà un pas énorme et suffisant pour poursuivre. Je n’en suis pas certaine sur la durée. Dans ce contexte il est aisé de se lasser, voire de se saturer physiquement et mentalement (à condition de pratiquer intensément! 😏). Prashant d’ailleurs parle d’effets désirables périphériques mais que l’essentiel n’est pas là.
Guruji écrit aussi dans l’Arbre du Yoga page 104 et suivantes La Fleur
“Je médite, non pas assis dans un coin, mais dans chaque mouvement de ma vie, dans chacune de mes positions, dans chaque asana»
Pratiquer les asanas comme des prières
Je vous livre ma définition personnelle de la prière:
d’un côté il y a effacement de Soi, de l’ego (ahamkara), on laisse la place à l’humilité. La pratique du yoga, du kriya yoga, vise à brûler l’ego par des pratiques de purification. C’est, dans les texte, le chemin pour atteindre la grâce divine. Faire taire le MOI MOI MOI, se sentir infiniment petit, nous rapproche du cœur de notre être
de l’autre et simultanément, il y a un abandon à plus Grand que soi (Ishvara Pranidhana). De manière pragmatique il s’agit d’accepter que tout n’est pas entre nos mains, que nous ne pouvons tout contrôler. Cet abandon en toute confiance crée une décongestion physique et mentale fantastique car le mode de vie actuel est placé sous le signe de l’hypercontrôle avec ses pathologies dérivées “hyper” (tension, thyroidie et autres)
Trouver le point d’humilité dans les postures
Dans les postures beaucoup de pratiquants, sans le réaliser, ne mettent pas le genou à terre (c’est une image! 😂). Il y a une retenue qui n’est pas toujours physique. Trouver le point d’humilité dans l’exécution des postures change tout (me croyez-vous?). Par exemple dans Virabhadrasana 1 (le guerrier numéro 1) on ne plie pas la bonne jambe! La jambe arrière est fléchie, signe de faiblesse, et la jambe avant descend rarement suffisamment. Plier la jambe avant en signe d’humilité vous fera aller plus loin, j’en suis sûre.
S’abandonner au divin dans les postures
Il y a un souvenir que je raconte souvent dans mes cours car il reste gravé dans ma mémoire comme un “turning point” (excusez-moi si vous l’avez déjà entendu). Lors d’une convention nationale (ma première!) placée sous le thème de la douleur, l’invité Birjoo Mehta nous enseigne Virabhadrasana 1 de nombreuses fois de manière assez classique. Evidemment, nous percevons bien à 100% les difficultés de cette posture de guerrier exigeante. Puis Birjoo nous annonce “maintenant je vais vous enseigner Virabhadrasana 1 et vous ne ressentirez aucune douleur”.
Pour le 1er essai il nous dit que nous sommes de petits enfants (tous petits) et que nous tendons les bras vers notre mère. Evidemment nos bras s’élèvent allègrement et facilement. 1ère surprise: cette image nous redonne de la force alors que nous pensions être “au bout”.
Le deuxième essai est celui qui m’a le plus touchée. Birjoo nous enseigne la posture normalement puis d’une voie forte il commande “surrender to God” (abandonnez vous au divin). A cet instant j’ai eu le sentiment d’être littéralement aspirée vers le haut et les larmes ont jailli. D’ailleurs l’émotion est toujours là quand je vous écris. C’est ainsi que j’ai goûté au “vrai yoga” (pour moi): celui qui vous permet de toucher une dimension sublime (clin d’œil pour Monia et Edith 😏), inexprimable, simplement juste et lumineuse. En d’autres termes, un bref instant, j’ai certainement expérimenté un état de conscience libre et non conditionné.
Le Sutra de la rentrée (de l’année?🌞)
Je ne vais pas vous laisser reprendre sans vous proposer un Sutra pur accompagner votre pratique. A vous de décider si c’est le sutra d’une minute ou d’un jour, ou bien si vous allez le conserver en mémoire comme un talisman précieux. Vous me direz?
Personnellement je l’adore parce qu’il est court 😉, il s’agit du Sutra I-12
“Abhyasa vairagyabhyam tannirodhah”
L’arrêt des fluctuations du mental s’obtient par une pratique intense dans un esprit de lâcher-prise”
Abhyasa: la pratique répétée (il n’y a pas que vos enseignants qui vous en parlent!)
Vayragyabhyam: l’absence de désir, de passion, le détachement
Nirodha: arrêt, interruption, suppression
Nous sommes là au cœur du yoga avec la cohabitation des contraires si complexe à assimiler pour les esprits occidentaux: il n’y a pas de posture sans structure ni fermeté, mais l’état d’Asana (notion d’infinité dans un espace heureux” comme le traduisait Gérard Blitz, ne peut s’installer que si on relâche toutes les tensions inutiles, au niveau musculaire, respiratoire et mental.
Combien de fois j’observe des cerveaux tendus et des jambes molles! Ce sutra est le gardien de votre pratique centrée et équilibrée. Vendu? 😂
Ce sera l’angle d’approche du stage de pré-rentrée de demain dimanche
Modestement j’essaierai de mettre l’accent sur ces aspects d’humilité et d’abandon sans oublier évidement les bases de l’alignement. Et sans oublier que pour beaucoup d’entre vous il s’agit d’une reprise. Quel que soit votre niveau de pratique, j’aimerais que cette rentrée marque la fin des reflexes et habitudes mécaniques qui détournent de l’essentiel (Viparyaya: l’erreur, la conception fausse, la contradiction avec soi-même voir le sutra I-8). Dans les postures tout a un sens et un impact. Mon rôle est d’essayer de vous éveiller à observer et à aligner le corps, la conscience et la respiration (body, mind and breath: le “mantra” de Prashant).
Il reste deux places en présentiel (le pass sanitaire s’applique). Le stage est aussi proposé en ligne. Si vous n’êtes pas disponible inscrivez-vous pour le stage en ligne et je vous enverrai le replay.
Pratiquons tous ensemble au bord de l’eau dimanche 19 septembre
Dans le contexte actuel il me tient cœur que nous puissions nous retrouver tous ensemble pour pratiquer, sans contraintes, quel que soit votre niveau.
Alors je tente l’expérience d’un cours en extérieur, sur la digue de Villeneuve Loubet le dimanche 19 septembre à 7H du matin. Vous trouverez dans le mail de confirmation le point de RV devant l’immeuble Pearl Beach au 305 Bd des Italiens (anciennement route du bord de Mer).
Prévoyez d’apporter de quoi partager un petit déjeuner sur la plage dans la foulée (ceci est optionnel bien sûr).
Du fond du cœur je vous souhaite une bonne reprise.
Portez-vous bien
Isabelle